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FRENCH IN THE CITY – Chapitres 1, 2 et 3 * NY French Geek

FRENCH IN THE CITY – Chapitres 1, 2 et 3

Posted on February 18, 2013 by admin

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Un peu de balloons (sympa le nouveau thème du blog ?) et de fiction dans ce monde de brutes… Je prends la plume pour partager avec vous un projet qui me tient à cœur. Bientôt un an que je rédige un roman qui a pour trame de fond New York. C’est que les drôles d’aventures vécues sur place m’ont inspirées bien des mots, des idées, des images. Du coup j’ai écrit l’histoire d’une jeune femme, Lila, qui rêve de New York comme elle respire. Je vais vous la raconter sur le blog, du moins les premiers chapitres (y’en a 35 en tout, ça fait long sinon), le temps que le projet se concrétise. Un peu comme en musique, le livre sortira soit en indé, soit en major, God’s willing. Mais il sortira. Quant à vous messieurs, ne m’en voulez pas. Ce roman a une teinte féminine. C’est ce qu’on appelle de la chick lit’, mais de la chick lit’ cool, de la chick lit’ urbaine. C’est pas girly à souhait, même si y’a du rose autour de l’image au dessus, mais c’est girly un peu. Mesdames et mesdemoiselles, j’espère que vous apprécierez… Mais soyez patientes hein, on installe pas la trame d’un roman aussi vite qu’un post de blog… Bonne lecture, et surtout lecteurs chéris, bonne année pleine de santé et de jolies histoires !

French in the City…

Ça sent le thé à la menthe quand je franchis la porte de chez mes parents. Il est 17h et je vais leur rendre visite comme chaque week-end. C’est une habitude que je tiens à maintenir pour mon équilibre, mais aussi le leur. Je suis leur seul enfant en ville, mon frère est parti s’installer à Londres avec sa copine et moi, j’ai quitté le domicile familial de Boulogne dans les Hauts-de-Seine pour un studio très décent dans le 15e. Et le thé du samedi, c’est presque sacré ! Je déballe la boîte de pâtisseries achetées à la boulangerie du quartier. Amandine pour ma mère, tarte au citron pour mon père et tarte aux framboises pour moi. Nous nous installons autour de cette théière fumante emplie de ce doux mélange de thé vert, de menthe et de sucre. Le thé à la menthe c’est l’un des rituels arabes de mon père, que ma maman, Française, a accepté très vite… Bon, le Ramadan, le mouton ou le hammam, c’est une autre histoire hein. Mais dans l’ensemble, l’harmonie règne sous ce toit métissé.

Mes parents me racontent les ragots du quartier…
—   Le voisin d’en dessous dit qu’on fait trop de bruit quand on marche. Mais on est couché à 21h ! Je comprends pas, il doit confondre. Il a même mis des chaussons sur le palier. Genre on met pas de chaussons, on marche trop fort ! Nan mais il est fou j’te jure.
—   Bah t’en as fait quoi de ses chaussons ? Tu les lui a balancés à la gueule j’espère papa ?
—   Non, j’les ai mis, regarde, c’est ceux là. Ils sont pas mal en plus. Quel abruti.
—   Et sinon j’ai vu la petite Nadia et j’ai appris qu’elle avait arrêté ses études. Tu te rends compte. Quel dommage…
— Oui maman, mais tu peux pas changer le monde à toi toute seule !
— Je sais mais t’as passé tellement de temps avec elle à lui donner des cours du soir…

Moi, je leur raconte ma semaine, mes progrès en yoga, mes lectures en cours et mes prises de tête au boulot…

— J’te jure elle est folle cette fille. Sous prétexte qu’elle était assistante de gens dans le showbizz, elle croit qu’elle pèse. Et surtout elle croit qu’elle peut parler à l’équipe comme elle veut. Et tous les mecs lui obéissent au doigt et à l’œil parce qu’elle est jolie.
— Tu t’en fous Lila. Fais ton boulot et t’occupe pas des profiteuses…
— Ouais… Bon sinon j’vais voir une expo sur New York la semaine prochaine. Maman ça te dit ?
— Euh, non.
— Ah ok. Bah j’sais pas j’t’ai accompagné plein de fois à des trucs nazes sur l’art du XIXe, tu pourrais me rendre la pareille.
— Euh non. New York, ça m’intéresse vraiment pas ma puce. Ça va être quoi ? Des photos c’est ça ? On a déjà tout vu de New York, pas la peine d’y mettre les pieds. Empire State, Statue de la Liberté, yes we can. Sans façon. Mais merci pour l’invitation.

Après le thé, ma mère m’embrasse chaleureusement, me remet quelques lettres arrivées pour moi, je fais une bise à mon père et je saute dans ma voiture rejoindre mon homme. Trois ans qu’on est ensemble maintenant. Et on va dire qu’au XXIe siècle, avoir un homme fidèle, gentil, intelligent et drôle, ça devient rare. Alors malgré les hauts et les bas, j’affiche un sourire constant même quand le cœur n’y est pas. Parce que dans le fond, c’est peut-être le bon… Je l’aime vraiment bien.

Il habite chez ses parents, à Issy-les-Moulineaux, pas loin de chez les miens. Sa mère, Sénégalaise, cuisine trop bien. Dès que j’entre dans l’immeuble, je sens qu’un tiep bou dien m’attend. Y’a toujours du monde chez lui, de la famille, des cousins, des amis. Bref ça change vraiment de chez moi où tout est calme. J’aime bien y aller. J’y suis toujours sollicitée et j’ai le temps de penser à rien d’autre qu’au moment présent. Le stress de ma semaine à venir passe à la trappe. Et tant mieux, parce qu’elle s’annonce corsée.

En attendant ce satané lundi, je profite de mon week-end ; avec Alexandre, on va au cinéma. Le film Sex & The City 2 vient de sortir et même si c’est girly à souhait et qu’il n’y aura que des femmes dans la salle, je tente de le convaincre de ma voix la plus douce : « Alex, je te promets : Non tu ne seras pas le seul mec. Oui, on n’ira dans un ciné loin de chez toi. Promis, je ne dirai pas à tes potes que tu es venu avec moi. Ok, je te paierai un gros pack de pop corn… Allez, s’te plait bébé… ». Il ferme doucement les paupières. Ça veut dire qu’il acquiesce. Bon j’avoue j’ai dû dealer ça contre une promesse d’aller voir avec lui L’Agence tous risques. Mouais. Qu’est-ce qu’elles nous feraient pas faire ces concessions sentimentales… Après avoir vu les six saisons de la série de Carrie Bradshaw et le premier film, voir la suite, c’est l’aboutissement ultime ! Ça me permet de nourrir un peu plus mon esprit avec des images de ma ville de cœur, New York City. Un jour, moi aussi je ferai les boutiques comme Carrie et ses potes, sur la 5e avenue en talons hauts. Un jour…

Malgré un week-end détente, dimanche soir j’angoisse. Ma semaine au bureau s’annonce chaotique. Deux projets avec des clients super exigeants me tombent dessus, et par super exigeants, faut comprendre super chiants. Apporter les cafés, remplir les contrats, la facturation, le suivi, les chichis en tout genre, c’est moi qui gère. Et eux, ils sont juste ingérables. Et puis cette nouvelle qui vient d’être embauchée là, miss ex-showbizz, je ne peux pas la voir. Hautaine comme pas deux, elle dit bonjour quand elle veut et me prend pour son assistante personnelle. Bref, quand elle, ou mon boss me donnent un moment de répit, je peux me laisser aller à regarder les sites de voyages, les blogs sur New York et autres infos clés que je collecte précieusement pour mon voyage aux Etats Unis. Le 26 décembre, c’est les soldes de dingue là-bas ! J’ai trop hâte. Mais j’ai le temps. L’été arrive à peine à Paris…

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29 janvier – Chapitre 2

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Lundi matin. Je la sens pas cette journée. Mes cheveux ont un épi bizarre, j’ai fini ma bouteille de Tropicana la veille donc pas de jus ce matin, le flash info sur BFM est déprimant, il pleut, le métro me passe sous le nez, un mec me marche sur le pied… J’arrive à 8h58, un peu à cran, mais mon job, c’est le genre d’endroit où tu souris et tu la fermes, surtout quand tu fais l’accueil comme moi. Au bureau, ils ne sont pas au courant de ma vie, rien de rien. Je viens, je fais mon taf, je suis sociable, mais ça s’arrête là. Et je veux maintenir ça, coûte que coûte. Donc même si ma journée commence mal, à 9:00, rien n’y paraît. Oh merde, ma nouvelle collègue arrive avec son regard faux cul… « Salut Lila, t’as bonne mine aujourd’hui ! T’as fait que’que chose à tes cheveux, nan ? J’sais pas, y’a un truc. Au fait, tu pourras m’organiser mes relances factures clients today, ça va dans tous les sens, faut y mettre de l’ordre. Et si tu peux me garder quelques trucs à grignoter du p’tit dej’ clients, c’est top ». Elle me dit ça avec son air niais et j’y crois à peine. Quel culot. Manifestement elle attend une réponse de ma part parce qu’elle me fixe avec insistance. J’hésite. Je l’envoie chier ou je me la ferme ? Le téléphone sonne. Sauvée par le gong. Elle me fixe toujours. Je lui souris. Ça marche, elle part. Voilà ce que je me tape tous les jours avec cette nouvelle assistante. Elle est pas bien non ? J’travaille pas pour elle et je suis pas une cafeteria. Chaque fois qu’on fait un petit dej’ business avec des clients, je commande plein de viennoiseries à la boulangerie du coin. Résultat, tout le monde me fait les yeux doux pour que je leur en garde. Mais alors, elle, elle peut courir. Je file préparer la salle de réunion. Thé, café, croissants et pains au chocolat. En quelques secondes la pièce prend des allures de paradis, et l’odeur… humm cette odeur de café. Un dernier coup d’œil sur la salle. Ça m’a l’air bien. Un dossier est placé devant chaque chaise. Je peux disposer. Je me regarde dans le miroir avant de rejoindre mon bureau… Mon épi est pas joli joli.

9h27 : Nos clients (chiants) arrivent. Après avoir servi cafés, thés, politesses et sourires niais, mon patron me lance un regard lourd et je comprends qu’il est temps de déguerpir. Je file à mon bureau me demandant plus que jamais ce que je fais ici. J’ai fait un entretien avec mon boss récemment, il pense me faire passer assistante chef de projet d’ici six mois. J’aurai mes propres clients à gérer, mes propres dossiers, sous la supervision de Luc. Je l’aime bien Luc, et puis c’est lui qui a les meilleurs comptes. Il gère la pub et non la radio et c’est souvent des gens connus qui viennent faire des voix pour nous. C’est plutôt chouette de côtoyer des célébrités. Enfin moi j’aime bien. Ça me fait rêver. Même si c’est juste le temps d’enregistrer un spot pour des marques de yaourts. Ça pourrait me remettre un peu plus d’aplomb. J’y pense… En voyant tous mes potes de la Sorbonne se réinscrire à la fac juste pour avoir une convention de stage, je me dis qu’après tout, c’est un bon début. Et qui sait, on décrochera peut-être des contrats de pub un peu plus funky que les matelas Dorlopilo ou l’huile Oliv’or…

À 9h40 je me rends compte que j’ai oublié d’appeler Alexandre, il a un exam’ dans vingt minutes. Et les encouragements téléphoniques avant tout partiel font partie de notre routine d’amoureux. En cherchant mon téléphone dans mon sac, je jette un œil aux lettres que ma mère m’a données samedi. Factures, banque, pub et… France Service USA. C’est pas possible, ça doit être une erreur. Pourquoi je reçois un courrier de F.S.U. ?

Je palpe l’enveloppe, la retourne, relis six fois mon nom et mon adresse sur le pli, la soupèse et décide de l’ouvrir après trois minutes d’hypertension. Je déplie l’unique feuille qu’elle contient et commence la lecture avec anxiété.

« Mademoiselle, J’ai l’honneur de vous informer que votre dossier a été sélectionné par l’immigration des États Unis. Vous pouvez dès à présent postuler pour l’obtention d’une carte de résident. »

Waoou ! Je suis sur le cul, bouche bée, à terre. J’en crois pas mes yeux. Ça fait des années que je rêve de New York, donc dès mes 18 ans, j’ai participé à la loterie pour gagner une green card, religieusement, chaque année. Puis j’ai trouvé un organisme qui s’occupe de renouveler les dossiers pendant cinq ans. Jusqu’alors, je n’avais jamais reçu de leur nouvelle… Ça ne doit pas être une blague donc.

Finalement, ce jour qui s’annonçait être horrible…devient l’un des plus beaux de ma vie ! À ce moment-là, tout va très vite dans ma tête : mon boulot, ma famille, mon copain, mes économies, mon rêve, New York. Ok, on est en juin, et les mecs m’annoncent que je peux faire une demande de green card pour l’année prochaine 2011. Ça veut dire que dans sept mois tout peut être bouclé. J’en reviens pas, je sais pas quoi faire, qui appeler, quoi dire. J’ai envie de crier, de courir, de sauter. Mon rêve de toujours est sur le point de se réaliser. Là, maintenant, je ne sais pas qui remercier, mais de tout mon cœur : MERCI ! La sonnerie du téléphone me sort de mon euphorie et me ramène à ma réalité parisienne. J’ai envie de tout envoyer chier mais je dois penser « stratégie ». J’ai besoin de mettre un max de sous de côté et quitter mon job ne serait pas la meilleure des décisions.

— PubliSound bonjour…

— Lila c’est moi, ça va ? Je rendre en amphi dans dix minutes, j’voulais juste t’entendre avant.

— Oh, excuse je t’ai pas appelé, c’est speed ce matin… Et j’ai un truc de ouf à t’annoncer, mais rappelle moi quand tu sors de partiel, ok ?

— Bah vas-y, dis moi ! C’est quoi ? T’as une augmentation ?

— Nan, pas vraiment, mais je t’expliquerai… En gros j’ai gagné la green card pour 2011… Truc de ouf nan ?

— Euh ouais, quand même. C’est top. Mais tu penses vraiment aller vivre aux Etats Unis, là, comme ça ?

— Mais grave, tu rigoles ou quoi ? C’est le rêve de toute ma vie.

— Ok je vois… bon, je dois y aller, bisou

— Ok bonne chance Alex, bisou

 J’ai bien senti son changement de ton. C’est pas une bonne nouvelle pour lui… Je peux comprendre. Mais là, priorité à mon New York ! Le soir avant de rentrer chez moi je passe à Boulogne voir mes parents. Ils n’ont jamais pris très au sérieux mon rêve new-yorkais. Comme si c’était une fantaisie de petite fille, un caprice d’enfant. Mais après six ans de persistance et cette lettre à la main, une chose est sûre, ils vont en manger du New York. J’arrive dans le salon. Mon père regarde les Guignols, ma mère est toujours à table, finissant son dessert. À ce moment là, l’appart de mes parents me semble être un cocon de bien-être après cette journée de fou. Je m’affale sur le canapé et commence à pleurer. Mon père me regarde en fronçant les sourcils et me tape sur l’épaule :

— Arrête là, c’est quoi ton problème ? Attends la fin des Guignols au moins ! Qu’est-ce qui va pas Lila ?

Je respire un grand coup, les regarde avec beaucoup de sérieux et je me lance :

—   Papa, maman, j’ai gagné à la loterie de la green card, j’ai six mois pour construire mon dossier, puis c’est le départ. Et je dois vider mon appart, quitter mon job, vendre ma voiture, dire au revoir à mes amis, quitter ou non Alex, mettre des sous de côté, partir à la conquête de l’ouest et réussir à m’accomplir.

Mon père préfère tourner sa tête vers Le Grand Journal de Canal. Ma mère déglutit bruyamment et se pointe devant moi, l’air inquiet…

—   Lila t’es folle ou quoi ? C’est l’Amérique, rien ne t’attend là-bas, la criminalité est en hausse et les drogués sont omniprésents. J’ai vu un reportage sur le Texas la dernière fois et c’est toujours très dangereux, tu sais. Surtout pour les gens de couleur. Ils n’aiment pas beaucoup les étrangers hein.

Merci Zone Interdite de bourrer le crâne de nos parents de stéréotypes ! Je la rassure en lui disant que New York c’est pas Dallas et en lui rappelant que le président est noir. « J’ai vu pire question racisme. Relax maman » ! J’lui dis aussi que si ça ne marche pas à New York, je rentre à Paris. C’est tout ! Les billets coûtent 300 euros. Facile. Elle me sourit. Mon père, très terre-à-terre, me dit que ça ne sera pas facile, qu’il faut que je m’endurcisse, que je travaille mon anglais et que j’arrête de gaspiller mon argent chez Zara et Sephora. Il me dit qu’il a un cousin éloigné qui habite là-bas. Il lui passera un coup de fil à l’occasion. Ouf. Je me sens mieux. Vidée d’un poids. Dès demain, je construis mon plan de match.

En arrivant à la maison, je prends mon chat sur mes genoux, envoie un texto de bonne nuit à Alex et me mets un épisode de How To Make it in America, cette nouvelle série US avec des jeunes qui essaient de lancer leur ligne de vêtements à New York. Je m’endors en rêvant de Canal Street, Brooklyn et de fashion week. New York, here I come

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14 février – Chapitre 3

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Les semaines s’enchainent au travail comme si de rien n’était… Et oui ; je ne laisse rien paraître. Personne n’a remarqué quoi que ce soit, si ce n’est le dépanneur informatique. Mon PC a eu un problème technique et quand le gars est passé, dans toutes ses manip shift, alt, ctl,, il a réparé ma panne puis il est parti en me disant « bon voyage à New York » ! J’ai viré au rouge, l’interceptant illico et lui demandant pourquoi il disait ça. « Bah y’a qu’à regarder votre historique internet mademoiselle. Désolé, j’ai pas voulu fouiner mais ça m’a sauté aux yeux. Et… mangez un cheesecake fraise chez Junior’s pour moi ! Allez, au revoir » !

J’avoue qu’en regardant mon historique, oui… c’est flagrant. Guides de New York, sites, blogs etc… Je passe tout au crible. Et puis je check aussi apparts, jobs, billets d’avion, prix des sous-locs, bons plans et tout et tout. Avant même d’y avoir mis les pieds, je suis presque incollable sur le sujet. Mais bon, va falloir que je passe un peu plus à l’action. On est à deux mois de mon départ et l’état des lieux n’est pas rassurant. Bizarrement, mon entourage est plus angoissé que moi. Tu connais qui ? « Euh…personne ». Tu dormiras où ? « Euh…chez un cousin éloigné de mon père dans le Bronx ou Brooklyn, j’sais plus ». Tu as déjà des entretiens pour un boulot ? « J’ai pas encore traduit mon CV ». Bref, ma famille me jette des regards paniqués dès qu’il est question de New York. Mon frère, lui, est le seul à ne pas me stresser. Il m’a vu gérer avec brio des situations en m’y préparant à la dernière minute. Oraux, Bac, entretiens, déménagement. Il sait. Et puis j’ai déjà pensé un minimum à mon voyage.

Nous sommes en octobre et j’ai booké un billet pour le 1er janvier 2011. Direct. Aujourd’hui, je rentre en rendez-vous avec mon boss pour lui annoncer mon départ. Je ne veux pas démissionner, je préférerais de loin négocier un licenciement ou une rupture à l’amiable et partir aux US en étant chômeuse française. Mon patron lève son sourcil en me voyant arriver tout sourire. C’est assez délicat à annoncer et ces derniers mois, on va dire que je me suis donnée à fond au taf. Heures supp’ et compagnie. Tout était bon à prendre pour amasser un p’tit billet supplémentaire à la fin du mois. Je suis presque devenue indispensable…

J’entre d’un pas ferme dans cette salle de réunion que je connais par cœur. J’y ai organisé nombre de buffets pour nos clients. J’ai assisté à une centaine de réunions dans ses murs. J’ai même commandé la plupart des meubles qui s’y trouvent. Et le petit cœur gravé sur le côté de la table là… Faut pas le dire mais c’est moi aussi. L’odeur du café frais y traine encore. Je ferme les rideaux pour que personne ne voit ce qui se passe. Je tire une des lourdes chaises design matelassés et je m’assois face à mon boss. Mon sourire est toujours là… Et son sourcil se lève de plus en plus haut. Il faut dire qu’en dehors des entretiens annuels… Je n’ai jamais demandé de rendez-vous à mon patron.

— Bonjour Gilles, merci de me recevoir.

— C’est normal Lila. De quoi veux-tu t’entretenir. Ta promotion j’imagine ? Tu sais je t’avais dit six mois… Il va falloir attendre encore un peu…

— Non, du tout Gilles. Je viens vous annoncer que j’ai gagné à la loterie de la green card, je pars vivre à New York dans deux mois. J’aurais souhaité mettre un terme à mon contrat, mais à l’amiable, si vous voyez ce que j’veux dire ?
Là, ses deux sourcils se lèvent d’un coup, accompagnés d’un regard douteux. Après lui avoir juré que ce n’était ni une blague, ni une manière de poser un ultimatum pour avoir une promotion, il a été très compréhensif, même content pour moi. New York est une ville qu’il adore. Il aimerait d’ailleurs y implanter un bureau dans les années à venir. Il me dit OK pour une rupture conventionnelle et ajoute (j’ai limite les larmes aux yeux) que mon professionnalisme, ma discrétion et ma rigueur furent très appréciés. Il sait que mon boulot n’était pas des plus épanouissant, mais il a aimé le fait que je ne me plaigne pas lorsque je devais faire des cafés à répétition ou reprendre des factures incomplètes. Il me donne ensuite ma date de fin de contrat : le 20 décembre. J’entame officiellement mes dernières semaines chez PubliSound. Avant de quitter la pièce, il me dit « Peu importe le job tu auras là-bas, assure toi de mettre 10% de ton salaire de côté chaque mois, conseil d’ami ». Venant d’un homme qui a réussi, je prends !

En sortant, tous les regards sont rivés sur nous. Le fait que je ferme les volets a titillé la curiosité des collègues. La nouvelle assistante prout-prout est aux premières loges. Gilles s’arrête net en franchissant la porte :

—   Bah quoi ? Reprenez votre boulot là. Lila, tu veux annoncer la nouvelle à l’équipe ?

—   Euh oui. (Je glisse ma tête à l’extérieur de la salle de réunion) Et bien, l’équipe, je pars à New York dans deux mois et je quitte PubliSound fin décembre… Voilà !

Et là, les regards se croisent, des sourires se forment et des collègues à qui je parle très peu habituellement viennent me taper dans la main genre « Ouais, bien joué ! ». Cette annonce est aussi le début d’une longue conversation (non-souhaitée) avec tous ceux qui ont leur avis sur la question :

— Oh là là, j’adore New York. J’y suis allée en week-end en 2003 c’était génial. J’ai tout vu en 48h, super speed mais tip top…

— Impossible de tout voir en 48h, en deux semaines j’ai pas tout fait, qu’est-ce que tu racontes…

— Faut absolument que tu ailles au resto Dos Caminos, le guacamole est top…

— Ouais et aussi au Burger King, le whooper est la meilleure des inventions gastronomiques…

— Et surtout va voir les musées, de la bombe le MoMA…

— Mais nan pas les musées, c’est ringard. Va en boîte ! C’est la ville de la night New York. Et va te faire faire les ongles hein…

— Putain t’as trop de chance quand même, tu vas y rester pour combien de temps ?

—  (Je réfléchis) Bah je sais pas… Pour la vie j’espère…

— J’pourrai venir chez toi quand tu seras installée !?

Ok, pour faire bref, mon préavis de bail est déposé, ma rupture de contrat est en route, mon chat ira chez mes parents, ma banque est prévenue, ma ligne téléphonique est coupée, mes abonnements à ELLE, au Club Med Gym et au Louvre sont arrêtés, ma Twingo est presque vendue et j’ai économisé mieux que Picsou pendant les cinq derniers mois. D’ailleurs, je ne suis officiellement plus à la mode, je n’ai aucun vêtement de la dernière collection et je recycle manteaux et bottes de l’hiver précèdent. En deux mots, je suis débarrassée de toute attache en France. Enfin, c’est sans compter mon copain. Mais ça c’est une autre histoire. On y reviendra.

(Illustration © Aurélie Joly www.aureliejoly.com)


via thetravelingirl
The Travelin’ Girl

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