Vous York

Posted on November 20, 2012 by admin

J’y suis allée sans lire aucune critique. Sans le dire à personne. Parce que dès que je montrais un semblant d’enthousiasme, on me fermait illico la bouche avec un « Mais ça va pas, c’est hyper nullllll ». Ok. Mais les mecs…comment dire…New York c’est la famille. Ça fait partie de moi. J’lui ai donné mon foie, mon cœur et la greffe a pris trois ans. Alors depuis, on est lié à la vie à la mort. Légalement (et c’est une responsabilité de taille), je suis obligée d’aller voir les films français tournés à New York. Genre le Julie Delpy avec Chris Rock je l’ai vu. Bof bof d’ailleurs. Le prochain Klapisch, dont le tournage vient de finir, j’irai direct. Et quand j’ai entendu que Nakache et Bekhti se retrouvaient pour un film sur New York, peu importe la critique, j’achète ! En plus, toutes les beurettes de France et de Navarre (moi y compris) adorent la frimousse de Leïla. On est fières d’elle. L’équation était donc vite résolue. Direction Nous York, embarquement immédiat.

 J’ai mis ma meilleure amie dans la confidence, celle qui est venue me rendre visite tous les ans dans la grosse pomme, de 2008 à 2011. Celle avec qui j’ai fait le tour des States, de MIA à LA en passant par SF. Celle qui est ma Géraldine ou ma Leïla. Ma reuss quoi. Incognito on s’est fait une séance de 22h. Je craignais le pire, pourtant trop de souvenirs, trop d’émotions, quelques sourires arrachés et des larmes. Oui, des larmes. A plein de moments. Les au revoir à la cité, la complicité Hazan / Nabil, le skype Nabil / papa, l’appel Leïla / Maman, la chanson New York New York. Des larmes. Après le film je me suis sentie bizarre. Un peu nostalgique, un peu sur ma faim. Et en rentrant, j’ai voulu les lire ces fameuses critiques. J’ai parcouru quelques avis, surfé ici et là pour voir la tendance. Malheureusement pour l’équipe, c’est unanime, ce film a été vu par tous les haters de France. Et ils avaient envie de crier leur colère. Même les kikoolol le dénigrent, les midinettes lui crachent dessus, les cailleras quittent la salle, les intello ont besoin d’une page pour décrire le vide qu’ils ont ressenti. Et moi j’ai aimé. Est-ce que je suis si bizarre ? Est-ce que New York a tué mon objectivité, a aseptisé mes goûts artistiques comme il aseptise les papilles de ses habitants qui pensent que les mozzarella sticks sont le paroxysme de la gastronomie ? Et bien non. Je pense tout simplement que cette tranche de vie inspirée du quotidien new-yorkais me rappellent beaucoup de choses vécues. Et ceux qui ne les ont pas vécues n’ont peut être pas la même sensibilité au fond. Du coup ça en fait un film un peu élitiste, alors qu’il se veut être grand public. Dommage s’il faut avoir experimenter New York pour comprendre « Nous York ». Mais quand je vois Leïla et Géraldine aller à la rencontre du rêve américain, ça me parle, je l’ai fait. Quand je vois leurs potes qui dorment en auberge aux côtés d’un ronfleur au look de tueur à gage, ça me parle, mes potes l’ont fait. Et quand je les vois danser dans une fête juive au détour d’une rue, check, ça aussi ça m’est arrivé, quand je les vois près de l’eau regarder la skyline, bingo, je le faisais souvent sans jamais m’en lasser, quand je vois leurs potes cainri aux dents longues retourner leurs vestes, vécu aussi, quand je vois ces peoples cokés et dépressifs jouer les enfants gâtés, ça me rappellent vaguement mon taf, quand je vois Leïla pleurer au téléphone avec sa mère malade et booker un billet illico, been there, done that. Bref, j’en passe, mais moi il m’a émue ce film, il a touché la corde sensible. Et j’ai beaucoup aimé leur chanson. « New York New York ». J’ai aussi aimé, même si c’est super démago, leur effort pour rapprocher les communautés. Comme si les frontières n’existaient plus et que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. I wish. Avec ce qu’on se tape aux infos, je dois avouer que leur petite bulle utopiste là, elle m’a fait envie l’espace d’un instant. Alors voilà, Géraldine, Leïla, et le reste du film, le monde vous dit merde, moi j’vous dit merci. Vous York. You Rock.

via thetravelingirl
The Travelin’ Girl

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