Love Of My Life
Posted on May 19, 2012 by admin
J’suis tombée amoureuse de Fort Greene avant même d’y mettre les pieds. Littéralement. Quand j’étais étudiante, je me suis amourachée d’un mec qui avait vécu à Fort Greene. Et il en parlait tout le temps. Ça, ça a été la première étape de ma conversion au brooklynisme. Il avait une boutique de CDs (euh oui, ça fait un bail). Il adorait la musique. Et donc il adorait New York. Quand il me parlait de Fort Greene, ses yeux brillaient et moi je divaguais illico, direction le resto Madiba, la rue Fulton ou le coffee shop de la rue Cumberland. Il les décrivait avec tellement de précision que j’avais l’impression d’y être. Je buvais ses mots. Je m’inventais un petit monde aux allures de paradis soulful sur fond de Love of My Life d’Erykah Badu et Common, deux anciens résidents du coin. D’ailleurs, ce morceau est parfaitement à l’image du quartier…qui est devenu assez vite…MON quartier.
Lors de mon premier voyage à New York en 2007, je suis invitée à un dîner chez des amis d’amis à Brooklyn, métro Dekalb. Je m’y rends pour la première fois, me perdant dans les méandres des rames express et locales, et j’arrive inévitablement en retard. En sortant de la station, je remonte cette avenue incroyable, bordée d’un parc et de maisons dignes du Cosby Show. C’est sublime… Je ne veux plus m’arrêter de marcher. Quitte à arriver en retard, autant faire la totale. Je prends 15 minutes de plus pour découvrir ce coin qui n’a rien à voir avec Times Square ou Soho, les seuls quartiers que je connais après ces deux jours passés dans les entrailles de la Grosse Pomme. Je flâne, et croise un marchand de chapeaux, un salon de thé, une sandwicherie. L’air est doux, les gens sourient. J’ai l’impression d’être dans un film. Puis j’arrive devant un restaurant au nom familier. Madiba. Le resto dont mon ami m’a parlé. Je réalise que je suis à Fort Greene. Et c’est encore plus stylé que dans mon imagination.
Je me souviens de ce moment comme si c’était hier. C’était mon premier contact avec Brooklyn. Et c’était surtout le début d’une grande histoire d’amour. Love of My Life j’vous ai dit… Quand je reviens vivre à New York en 2009, je cherche de suite un appart’ dans ce quartier. Prix hardcore. Je finis contre mon gré à Bed Stuy, 2 stations de métro plus loin. Pendant 5 mois, je continue mes recherches, jusqu’à trouver l’appart parfait, un deux pièces avec terrasse, au croisement Greene et Cumberland. Mon block est paisible, à deux pas du métro, avec plein de commerces de proximité au top. A trois blocks, j’ai Dekalb et ses restos, à un block, Lafayette et ses belles maisons, et à 50 mètres, j’ai la rue Fulton qui mène au Fulton Mall et ses sneakers à bas prix. Magique. Je suis au cœur de l’action. Du coup, je passe mes weekends à découvrir Fort Greene et les quartiers environnants, avec à mon tour, les yeux qui brillent.
Vivre sur un block qu’on aime, à New York c’est vital. La ville est si agressive qu’il fait bon se retrouver dans un environnement agréable pour faire une coupure et recharger ses batteries. Fort Greene c’est chantant, c’est beau, c’est calme, c’est vert, c’est noir, c’est blanc, c’est artistique, c’est énergique, c’est vibrant. On a un parc, un marché de producteurs locaux le samedi matin et y’a même une boulangère qui vend des m’semens, ces crêpes feuilletées marocaines dont je raffole. Il y a ces restos qui se suivent sur Dekalb, Chez Oskar, Madiba, Cornerstone, Kif. Tous succulents. Ce terrain de basket comme dans les films afro-américains, avec de beaux mecs torses nus les jours de forte chaleur… Et le flea market, ce grand marché aux fripes, dont les hipsters en chemises à carreaux et lunettes retro raffolent. Et puis il y a le café Habana, et ses épis de maïs grillés, il y a 67 Burger et ses curly fries divines, Café Lafayette et ses brunchs cosy. Impossible de se lasser de ce quartier, du charme de ses brownstones, de la bonne humeur de ses habitants.
Et puis c’est pas juste cute. C’est aussi super pratique ! A Fort Greene, on est à 5 minutes du Atlantic Center, où tu peux prendre TOUTES les lignes de métro. Et on a un supermarché gigantesque, ainsi qu’un Marshall et un DSW pour les shoppeuses. J’me sens tellement bien dans mon quartier qu’il faut y’aller pour me faire sortir à Manhattan ! D’ailleurs, famille et amis qui sont venus séjourner chez moi ont été convertis. Tu leur demandes Manhattan ou Brooklyn, ils hurlent Brooklyn direct. C’est un mélange parfait de tout ce que tu peux vouloir à New York, avec la paix et le calme en plus. Alors il était temps que je vous en parle, parce que mon New York n’a jamais rimé avec Times Square ou Upper East Side. Ce que j’y préfère, c’est la vie à Fort Greene, Brooklyn…
(Je ne suis pas la seule à être amoureuse de Fort Greene. Un réal vient de faire un docu dessus. Il a interviewé de nombreux artistes du quartier. Chris Rock, Spike Lee…)
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