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{"id":9713,"date":"2016-01-15T00:48:30","date_gmt":"2016-01-15T05:48:30","guid":{"rendered":"http:\/\/www.nyfrenchgeek.com\/2016\/01\/portrait-dexpat-martin-aka-dj-just-chill\/"},"modified":"2016-01-15T00:48:35","modified_gmt":"2016-01-15T05:48:35","slug":"portrait-dexpat-martin-aka-dj-just-chill","status":"publish","type":"post","link":"http:\/\/www.nyfrenchgeek.com\/2016\/01\/portrait-dexpat-martin-aka-dj-just-chill\/","title":{"rendered":"Portrait d\u2019expat : Martin aka DJ Just Chill"},"content":{"rendered":"

\"JustChill\"<\/p>\n

Oh well. Quand on lit ou regarde des portraits de Fran\u00e7ais \u00e0 New York, c\u2019est souvent pour mettre en lumi\u00e8re des traders, des grands chefs, ou des fashion designers. Voil\u00e0 les trois domaines dans lesquels les Fran\u00e7ais officient \u00e0 New York \u00e0 en croire nos \u00e9crans et nos magazines : cash, food, fashion. Mais non ! La ville concentre plus de huit millions d\u2019habitants. Parmi eux, 15 000 sont Fran\u00e7ais. Loin des podiums, des boulangeries et de la bourse, certains se sont fray\u00e9s un chemin bien diff\u00e9rent. Ils sont venus \u00e0 New York pour r\u00e9ussir, berc\u00e9s par un beat qui leur trottait dans la t\u00eate depuis l\u2019adolescence. Berc\u00e9s par un beat hip hop. On est pas mal dans ce cas, et \u00e0 l\u2019\u00e9poque, souvenez-vous, je vous avais racont\u00e9 les histoires de certains de ces cool kids, Corentin<\/a>, Armen<\/a>, Diesel<\/a>, Layla<\/a>, Lolo<\/a>, Rudy et Fred<\/a>. Et bien j\u2019aimerais ajouter celui de Martin, aka DJ Just Chill, aka hustler en costard, aka entrepreneur 3D. Itin\u00e9raire d\u2019une love story en deux mi-temps avec NYC.<\/span><\/p>\n

Martin d\u00e9barque \u00e0 New York fin ao\u00fbt 2008, pour un stage de fin d\u2019\u00e9tudes d\u2019un an en e-commerce chez Air France. Quelques jours apr\u00e8s, crack boursier, phase 2 de la crise des subprimes, pays en alerte. Martin n\u2019y voit que du feu, bien trop obnubil\u00e9 par sa routine new-yorkaise, digne de ses plus beaux r\u00eaves de jeunesse. Il descend midtown en m\u00e9tro, habill\u00e9 en costard tous les jours, sert des mains poliment avec un sourire bien lisse et s\u2019occupe de mettre en place les outils digitaux d\u2019Air France US. Il habite avec sa copine \u00e0 Spanish Harlem, dans un appart trouv\u00e9 sur Craigslist quelques jours avant leur arriv\u00e9e. Ils ont 23 ans et une certitude : l\u2019American Dream<\/em> est au bout du chemin.<\/p>\n

Martin, en bon fan de hip hop, se rend \u00e0 quelques soir\u00e9es, et bien vite, le voil\u00e0 qui regrette de ne pas avoir apporter ses platines\u2026 C\u2019est qu\u2019avant de venir \u00e0 NYC, \u00e0 Toulouse, sa ville natale, il organisait des \u00e9v\u00e9nements et y mixait occasionnellement. \u00ab Mais bon, c\u2019\u00e9tait pas tellement l\u2019endroit pour \u00e7a. Les mecs qui tenaient les bars au centre ville \u00e0 cette \u00e9poque, ils n\u2019\u00e9taient pas trop fan de hip hop… » <\/em>C\u2019est l\u00e0 que Craigslist vient \u00e0 nouveau \u00e0 sa rescousse. Il y d\u00e9gotte des platines d\u2019occasion, et va les chercher \u00e0 ce qui lui semble \u00eatre le bout du monde : Coney Island \u00e0 Brooklyn. \u00ab Dis-toi que depuis Harlem, j\u2019ai pass\u00e9 deux heures dans le m\u00e9tro ! J\u2019ai trop gal\u00e9r\u00e9 pour les ramener ! \u00bb <\/em>Le site lui permet aussi de d\u00e9goter des petits gigs de DJ dans des bars un peu obscurs, notamment un open turntable \u00e0 Five Spot<\/em> sur Myrtle avenue, \u00e0 Brooklyn. Tous les mardis soirs, son Serato dans le sac, Martin patiente trois heures dans ce pub pour y jouer 30 minutes. \u00ab \u00c7a peut para\u00eetre dingue, mais quand je mixais devant ces dix personnes, j\u2019\u00e9tais le plus heureux du monde ! \u00bb <\/em><\/p>\n

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Justchill @ Five Spot, BK<\/figcaption><\/figure>\n

Un soir, il est approch\u00e9 par un gars qui organise des open mic urbains au 507 Bar and Grill<\/em> \u00e0 Williamsburg. Il lui propose alors de devenir le DJ de l\u2019\u00e9v\u00e9nement, The Homegrown Project, tous les dimanches soirs. \u00ab Je faisais l\u2019intro, l\u2019outro, et je passais les instru des rappeurs qui venaient poser. \u00c7a m\u2019a vraiment fait kiffer. D\u2019ailleurs, je suis devenu le DJ d\u2019un des rappeurs de l\u2019open mic. Rien de bien fou mais un soir, on a quand m\u00eame fait un set dans une bo\u00eete, <\/em>Crime Scene Lounge, pour la sortie de son EP. Un show de 30 minutes. C\u2019\u00e9tait assez cool, j\u2019avais tout pr\u00e9par\u00e9. Finalement, je me suis retrouv\u00e9 \u00e0 mixer toute la soir\u00e9e et les gens se sont \u00e9clat\u00e9s ! \u00bb. <\/em>A la fin de son set, le manager du lounge propose \u00e0 Martin, aka DJ Just Chill, de revenir mixer le vendredi suivant. Et le suivant. Et le suivant. Martin d\u00e9croche la r\u00e9sidence. Ses vendredis soirs, de 22 \u00e0 4H, il les passe au Crime Scene<\/em> sur Bowery, ses dimanches soirs, au 507<\/em> \u00e0 Williamsburg, et ses samedis soirs vont aussi \u00eatre book\u00e9s, puisqu\u2019il est contact\u00e9 par un promoteur qui lui propose la r\u00e9sidence de la salle hip hop de Rebel NYC.<\/em> \u00ab C\u2019est clairement pas le haut du panier qui allait l\u00e0-bas, mais c\u2019\u00e9tait une grosse machine en plein Chelsea avec quatre salles, des techniciens, du bon matos et pas mal de personnel. Dans ma salle, je passais ce que je voulais. Biggie, Jay Z, Nas, mais aussi Wayne, Ne-Yo, Usher\u2026 Ils \u00e9taient \u00e0 la mode \u00e0 ce moment-l\u00e0. \u00bb<\/em><\/p>\n

Martin vit de jour du lundi au vendredi, et de nuit, du vendredi au lundi. Un rythme \u00e9reintant, oui, mais il est sur un nuage. Et b\u00e9n\u00e9fice notable, le DJing arrondit clairement ses fins de mois, ce qui lui rend la vie new-yorkaise encore plus appr\u00e9ciable. \u00ab Y avait des hauts et des bas. Parce que c’est aussi bien relou de rester six heures debout sans parler \u00e0 personne tout le week-end, mais j\u2019en garde vraiment un bon souvenir. C\u2019\u00e9tait incroyable. La belle \u00e9poque. \u00bb<\/em> Ces gigs de DJ lui permettent de jouer dans des salles comme le Nokia Theater \u00e0 Times Square ou encore d\u2019ouvrir pour Dead Prez. Un r\u00eave de gosse quoi. C\u00f4t\u00e9 Air France, l\u2019ann\u00e9e passe vite et le stage se termine tranquillement, m\u00eame si Martin souligne que le crash Rio \/ Paris, qui a eu lieu un peu avant la fin de sa mission, a \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s difficile et triste \u00e0 vivre de l\u2019int\u00e9rieur.<\/p>\n

Son stage de fin d\u2019\u00e9tudes valid\u00e9 et son dipl\u00f4me de Grande \u00c9cole en poche, la destin\u00e9e am\u00e8ne Martin \u00e0 taper \u00e0 la porte de mon bureau (\u00e0 l\u2019\u00e9poque, \u00e0 Jersey City, dans les locaux de la radio Z100). Il a encore quatre mois \u00e0 passer \u00e0 New York, en attendant la fin du stage de sa ch\u00e9rie, fin d\u00e9cembre. Certes, ses week-ends sont overbook\u00e9s mais ses semaines sont plut\u00f4t calmes. \u00c7a tombe bien, je cherche un assistant digital pour me donner un coup de main sur le d\u00e9veloppement des r\u00e9seaux sociaux de TRACE US et sa candidature est plus que convaincante. Il arrive donc \u00e0 l\u2019entretien en costard-cravate. Et quand il me dit qu\u2019il est DJ hip hop le week-end, \u00e9videment, je suis sceptique. Pourtant, Martin est un hip hop head de fou et un geek en or. #PerfectMatch. Les mois qui suivent sont parfaits. Martin est le coll\u00e8gue le plus parfait. Parfait. Parfait. En plus du digital, il m\u2019accompagne sur tous mes tournages et je l\u2019emm\u00e8ne au plus de concerts possibles, dont celui de 50 Cent, dans une toute petite salle en mode VIP. M\u00e9morable. Et puis Google le d\u00e9bauche. Son dream job. Fin d\u00e9cembre, il plie bagage et commence une nouvelle vie \u00e0 Dublin, chez le g\u00e9ant des techs, sachant tr\u00e8s bien que son aventure avec New York n\u2019est pas termin\u00e9e\u2026<\/p>\n

Brillant comme il est, il revient dans la Big Apple par la grande porte. Exit le salaire de stagiaire, le voil\u00e0 mut\u00e9 par Google en 2012 au bureau d\u2019NYC. Une promotion obtenue en deux ans, ce qui est suffisamment rare pour le souligner. Il devient manager e-commerce de la derni\u00e8re acquisition Google : Zagat. Cette fois-ci, il s\u2019installe \u00e0 Williamsburg, id\u00e9alement situ\u00e9 pour se rendre dans les bureaux du Meatpacking en un coup de L train. Au sein de la matrice Google, Martin vit la Part.2<\/em> de son American Dream<\/em>. Mais il ne reprend pas les platines. Cette fois-ci, place \u00e0 un autre hobby : la moto. Il d\u00e9croche son permis sur place et s\u2019ach\u00e8te une motocross, qui va devenir sa meilleure alli\u00e9e pour la d\u00e9couverte de Brooklyn. \u00ab C’est vraiment les motos que tu vois dans les clips de hip hop, en mode Ruff Ryders, DMX. J\u2019ai roul\u00e9 \u00e0 travers des paysages urbains de dingue, c\u2019\u00e9tait trop beau. J\u2019allais souvent me balader, m\u00eame le soir apr\u00e8s le travail. Il y avait pas mal de gangs de motards, des bikers un peu ghetto \u00e0 Brooklyn et dans le Queens, du coup je me faisais tout le temps contr\u00f4ler par la police, mais je m\u2019en foutais, j\u2019ai d\u00e9couvert une autre facette de New York sur ma moto. \u00bb \"IMG-20140521-WA0027\"<\/em><\/p>\n

Martin mange dehors tous les soirs, il peut enfin boire des verres sans regarder le prix de l\u2019addition au Tender Trap et au Flat, deux de ses bars \/ clubs pr\u00e9f\u00e9r\u00e9s de South Williamsburg, et il croque la vie de jeune actif Brooklynte \u00e0 pleines dents. C\u2019est aussi \u00e0 cette p\u00e9riode qu’il se met \u00e0 travailler sur un projet qui occupe quasi tous ses week-ends. Avec son meilleur ami, ils r\u00e9alisent une \u00e9tude qui leur confirme que l\u2019impression 3D sera un march\u00e9 ultra porteur d’ici 2018. Ils veulent leur part du g\u00e2teau et lancent un site comparateur d’imprimantes 3D : Aniwaa<\/a>. Le nom de leur marque vient du mot haniwa, qui au Japon, repr\u00e9sentaient des figurines fun\u00e9raires en terre cuite, destin\u00e9es \u00e0 \u00eatre enterr\u00e9es avec les d\u00e9funts. Ces figurines \u00e9taient fabriqu\u00e9es selon une technique qui consistait \u00e0 empiler des rouleaux de terre cuite les uns sur les autres, pour construire la statuette par strates. Ce principe d\u2019empilement de couches de mati\u00e8re est similaire \u00e0 celui utilis\u00e9 en impression 3D. Le mot \u201chaniwa\u201d leur plait, mais comme le domaine haniwa.com est d\u00e9j\u00e0 pris, ils le modifient pour Aniwaa. The rest is history. Litt\u00e9ralement.<\/p>\n

Aujourd\u2019hui, Martin et son meilleur ami travaillent \u00e0 temps plein sur Aniwaa<\/a>. Le site en est d\u00e9j\u00e0 \u00e0 sa V2, il est dispo en fran\u00e7ais et en anglais, et ils ont re\u00e7u pas mal de presse<\/a> pour en souligner la pertinence. Ils ont mont\u00e9 leur bo\u00eete en Asie, et y vivent, tranquillou. Pierre-Antoine est \u00e0 Tokyo, au Japon ; et Martin, \u00e0 Phnom Penh, au Cambodge. Il y a suivi sa ch\u00e9rie qui y a d\u00e9croch\u00e9 un job. « A vrai dire, c\u2019est un pays id\u00e9al pour faire appel \u00e0 des freelances et des techos qualifi\u00e9s pas trop chers. Et la vie y est plut\u00f4t douce. »<\/em> Apr\u00e8s 18 mois \u00e0 New York chez Google, Martin a eu envie d\u2019aller voir ailleurs, de voler de ses propres ailes. La matrice, \u00e7a a du bon, surtout quand on en sort. D\u00e9sormais, sa vie est en Asie, et elle a une saveur bien diff\u00e9rente, rythm\u00e9e par des journ\u00e9es de travail intense depuis l\u2019incubateur de start-up de Phnom Penh dans lequel il a ses bureaux. Il suit aussi des cours de boxe tha\u00ef, passe ses week-ends \u00e0 la mer sur des \u00eeles paradisiaques, et \u00e9videmment, mixe dans son salon les derniers hits de Drake et Tory Lanez. DJ Just Chill n\u2019a pas rendu les armes, mais n’a plus vocation \u00e0 faire danser le monde. Apr\u00e8s tout, il a d\u00e9j\u00e0 fait danser New York. \u00c7a revient au m\u00eame non ?<\/p>\n

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\nvia thetravelingirl
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The Travelin’ Girl<\/a>
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