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{"id":9565,"date":"2015-11-24T12:43:42","date_gmt":"2015-11-24T17:43:42","guid":{"rendered":"http:\/\/www.nyfrenchgeek.com\/2015\/11\/deux-vies\/"},"modified":"2015-11-24T12:43:45","modified_gmt":"2015-11-24T17:43:45","slug":"deux-vies","status":"publish","type":"post","link":"http:\/\/www.nyfrenchgeek.com\/2015\/11\/deux-vies\/","title":{"rendered":"Deux vies\u2026"},"content":{"rendered":"

\"paris\"<\/p>\n

Chers tous,
\u00c7a fait longtemps que je veux prendre la plume. Prendre de vos nouvelles. Vous dire Hello comme Ad\u00e8le. Mais la vie et ses al\u00e9as ont eu raison de mon temps. Cons\u00e9quence, je ne vous ai m\u00eame pas racont\u00e9 mes derni\u00e8res aventures new-yorkaises. Brooklyn Height, Harlem, Williamsburg, bla bla bla. Et puis, tout a chang\u00e9. \u00c9videment, je ne parle pas des Stan Smith qui se reproduisent par millier sur les pieds des Parisiens sans chaussette, encore plus facilement rep\u00e9rables dans les rues de Soho\u00a0; ni m\u00eame des mecs de cit\u00e9 qui se raidissent les cheveux avec les plaques de leurs s\u0153urs. Non. Je parle bien de ce que nous vomit la t\u00e9l\u00e9, la radio, les journaux, les internets. De ce qui rassemble tous ces experts \u00e8s-djihadisme devant Bruce Toussaint le matin. De cette blessure si profonde qu\u2019on va mettre longtemps avant de gu\u00e9rir… Je suis souvent sur la route, vous le savez. Je n\u2019\u00e9tais pas \u00e0 Paris vendredi soir. Je n\u2019ai pas cri\u00e9 en entendant les tirs. Je n\u2019ai pas couru pour me mettre \u00e0 l\u2019abri. Pourtant, j\u2019ai ressenti l\u2019effroi. J\u2019ai trembl\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9coute de ce scenario de l\u2019horreur. J\u2019ai pri\u00e9 en prenant des nouvelles de mes proches. J\u2019ai pleur\u00e9 en chantant la Marseillaise. Et pour la premi\u00e8re fois de ma vie d\u2019adulte, j\u2019ai m\u00eame prononc\u00e9 cette phrase ensanglant\u00e9e d’impuret\u00e9s que je feignais d\u2019oublier habituellement. J\u2019\u00e9tais tellement en col\u00e8re que soudain notre hymne violent prenait tout son sens. Et comme un m\u00e9canisme de d\u00e9fense, je le chantais, la voix tremblante. Je suis fille unique. Pourtant ce vendredi 13, j\u2019ai perdu des fr\u00e8res et des s\u0153urs. Leurs visages sont devenus reconnaissables. Leurs noms, familiers. J\u2019avais beau \u00eatre loin. J\u2019\u00e9tais tout pr\u00e8s. Et \u00e7a m’a rappel\u00e9 que ceux qui restent, nous, vous, ils ; on a la chance d’avoir deux vies.<\/span><\/p>\n

« On a deux vies, et la deuxi\u00e8me commence quand on se rend compte qu\u2019on n\u2019en a qu\u2019une. » En ces temps difficiles, cette phrase me donne de la force. Elle est si importante qu\u2019il faut se la r\u00e9p\u00e9ter jusqu\u2019\u00e0 l\u2019avoir parfaitement int\u00e9gr\u00e9e. Elle est de Confucius selon top-citations.com. Mais \u00e0 vrai dire, peu importe qui l\u2019a \u00e9crite. C\u2019est une v\u00e9rit\u00e9 brute qui prend vie quand la mort se dessine\u00a0; quand on se rend compte que rien n\u2019est acquis\u00a0; rien, pas m\u00eame demain. Elle refl\u00e8te toute la violence d\u2019une prise de conscience, qui s\u2019accompagne souvent d\u2019un arr\u00eat sur image de notre quotidien si charg\u00e9 (mais pourquoi je me force, \u00e7a me plait pas ?<\/em>) ; d\u2019un brin de recul face \u00e0 nos petits malheurs (mais c’est pas grave \u00e7a en fait<\/em>) ; d’\u2019un peu de distance avec l\u2019urgence (je ne suis pas dispo, on voit \u00e7a demain ?<\/em>) ; d\u2019une reconnaissance infinie pour ce qui est toujours (merci, merci et merci<\/em>) ; d\u2019une douleur profonde pour ce qui n\u2019est plus (je vais te faire honneur, promis<\/em>) ; et d’un \u00e9merveillement nouveau pour le d\u00e9tail (je n’avais jamais remarqu\u00e9 \u00e7a avant, c’est magnifique<\/em>). Le futur qui se dessine est alors un peu flou. Mais les lunettes de la deuxi\u00e8me vie aident \u00e0 y voir plus clair, aident \u00e0 comprendre ce(ux) qui compte(nt) vraiment, aident \u00e0 dessiner ce nouveau tournant.<\/p>\n

\u00c7a fait trois ans que j\u2019ai r\u00e9alis\u00e9 qu\u2019on avait la chance d\u2019avoir deux vies. Et pour \u00e7a, il a fallu que la personne que j\u2019aime le plus au monde disparaisse. \u00c7a prend du temps de se reconstruire. Mais aujourd\u2019hui je le sais, cette \u00e9preuve m’a rendue plus forte que jamais, et j\u2019ai fait de mes r\u00eaves ma r\u00e9alit\u00e9. Litt\u00e9ralement. Comme pour vivre doublement plus. Comme pour prendre ma revanche sur le destin, parce que nos morts, eux, n\u2019ont pas eu le temps de vivre le leur. Avec du recul, m\u00eame si elle a commenc\u00e9 dans la souffrance, ma deuxi\u00e8me vie est bien plus savoureuse, plus \u00e9panouie, plus riche, plus g\u00e9n\u00e9reuse, plus belle que la premi\u00e8re, finalement. Juste parce que je la regarde diff\u00e9remment. \u00c7a change tout, ce regard qu’on porte aux choses. Tout. Je vois le verre plein quand certains le voient vide. Je vois la r\u00e9ussite quand d’autres voient l’\u00e9chec, je vois le courage quand on \u00e9voque le risque. Et je pousse tous ceux qui veulent sortir de leurs gonds, de leur routine, de leur zone de confort \u00e0 le faire. Parce qu’on se sent tellement vivant quand on va au bout de ses envies. Alors depuis trois ans, j\u2019essaie d\u2019\u00e9veiller les consciences de mon entourage. J\u2019essaie de les inciter \u00e0 accomplir leur r\u00eave \u00e0 eux. Et pas celui de la soci\u00e9t\u00e9. Parce que oui, tout est possible. Et non, il n’est pas trop tard pour devenir ce qu’on veut \u00eatre. Tout comme il n’est pas trop tard pour r\u00e9aliser que notre deuxi\u00e8me vie commence quand on se rend compte qu\u2019on n\u2019en a qu\u2019une…<\/p>\n

Force, courage, sagesse et Mos Def.
Meriem<\/p>\n

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\nvia thetravelingirl
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The Travelin’ Girl<\/a>
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