<\/p>\n
NY Mag<\/span><\/i>, pour les intimes, est devenu mon compagnon de route indispensable dans le m\u00e9tro, et remplace presque \u00e0 merveille ELLE<\/i> pour le fun, et T\u00e9l\u00e9rama<\/i> pour le fond. Cette semaine, pour son \u00e9dition “internationale” annuelle, on y trouve un portrait de la capitale fran\u00e7aise, version “Not For Tourists”… Un travail journalistique digne d’un instantan\u00e9 de Cartier-Bresson version 2011, qui m’a fait un plaisir fou parce qu’avec mes bient\u00f4t trois ans \u00e0 New York, je suis au moins autant branch\u00e9e sur ce qu’il se passe au c\u0153ur de Paris que les habitants du 16e: ) Et comme toujours, le magazine ne d\u00e9\u00e7oit pas, tout y passe: Marine Le Pen, Martin Parr \u00e0 la Goutte-d’or, Le Baron et… le bobo, donc, sous la forme d’un “illustrated guide”<\/span><\/a>! Je tenais \u00e0 souligner cet exploit parce que, m\u00eame pour les sociologues fran\u00e7ais modernes, le bobo est un concept pratiquement ind\u00e9finissable, un paradoxe intrins\u00e8que, puisqu’on peut difficilement associer deux entit\u00e9s plus opposables que le bourgeois et le boh\u00e8me!<\/span><\/p>\n On rencontre le m\u00eame probl\u00e8me de d\u00e9finition avec l\u2019\u00e9quivalent du bobo aux \u00c9tats-Unis, une cr\u00e9ature urbaine typiquement new yorkaise, et plus particuli\u00e8rement brooklynite: j’ai nomm\u00e9 le hipster. Un concept pourtant devenu ici tellement familier que le New York Times<\/i> a demand\u00e9 \u00e0 ses journalistes d’en refr\u00e9ner l’usage<\/span><\/a> dans leurs pages! Le hipster, tout comme le bobo, se d\u00e9marque \u00e0 premi\u00e8re vue par ses choix vestimentaires ultra-styl\u00e9s et androgynes, que l’on pourrait qualifier de “r\u00e9tro-gardistes” (beaucoup de vintage) mais, \u00e0 la diff\u00e9rence de Paris, le hipster gar\u00e7on ou fille est souvent couvert de tatouages (cela m’a absolument saut\u00e9 aux yeux lors de mon arriv\u00e9 New York \u00e0 l’<\/span>\u00e9t\u00e9 caniculaire 2008)… Le hipster poss\u00e8de un temp\u00e9rament d’artiste, ou tout au moins de cr\u00e9ateur de tendances, et un comportement alternatif, sans \u00eatre asocial. A la fin de mes ann\u00e9es coll\u00e8ge, avant m\u00eame d’avoir mis les pieds \u00e0 New York, et encore moins \u00e0 Brooklyn, mon obsession pour Leonardo DiCaprio et les surfeurs a commenc\u00e9 \u00e0 s’estomper, et j’ai d\u00e9velopp\u00e9 un faible pour Jared Leto et “tous ces Am\u00e9ricains qui ont l’air cool” (le terme “hipster” n’avait pas encore envahi le langage courant \u00e0 l\u2019\u00e9poque). Je lisais d\u00e9j\u00e0 <\/span>les r\u00e9cits trash d’Hubert Selby Jr. (l’auteur de Requiem for a Dream<\/i>), et j\u2019\u00e9tais fan absolue du premier film de Sofia Coppola, Virgin Suicides<\/i>. A chacun sa crise d’ado n’est-ce pas!<\/p>\n C’est pourquoi quand je suis arriv\u00e9e pour de bon sur la c\u00f4te Est des \u00c9tats-Unis pour faire une ann\u00e9e d\u2019\u00e9change universitaire, j’ai eu du mal \u00e0 trouver mes marques parmi les Am\u00e9ricains clich\u00e9-esque que je c\u00f4toyais sur le campus, car ils ne ressemblaient pas du tout \u00e0 Jordan Catalano! Carrure de footballer (\u00e0 ne pas confondre avec la taille fine du joueur de “soccer”), fringues informes aux couleurs de l’\u00e9cole, et tongs en plastique m\u00eame par temps de pluie, \u00e9taient de rigueur. Alors, sans surprise, les \u00e9tudiants qui m’ont imm\u00e9diatement tap\u00e9 dans l\u2019\u0153il \u00e9taient les plus “hipster” d’apparence. Chez les filles, il y avait la c\u00e9l\u00e8bre J. du cours d’histoire d’art moderne, l\u2019\u00e9tudiante aux mille chapeaux et au sac de gym en nylon qu’elle utilisait comme cartable bien avant qu’American Appareil<\/i> ne lance la mode. Chez les gar\u00e7ons, je guettais ceux qui arboraient sur la promenade principale du campus un signe certain de hipsterism aigu: le pantalon retrouss\u00e9 sur un mollet (mais attention, un seul mollet!)… tous ceux qui poss\u00e8dent un v\u00e9lo en ville savent de quoi je parle! Bien s\u00fbr, tout cela ne constituait que des indices superficiels, et apr\u00e8s la phase d’observation, il \u00e9tait temps pour moi de passer \u00e0 l’action!<\/span><\/p>\n J’ai rapidement jet\u00e9 mon d\u00e9volu sur A., un petit Californien aux boucles d’or qui trimbalait constamment son appareil photo Olga en bandouli\u00e8re. Nous n’avions aucun cours ou amis en commun, mais je comptais au max sur ma French touch<\/i> pour lui laisser une impression m\u00e9morable lors de notre premi\u00e8re rencontre au labo photo. Pari r\u00e9ussi sans trop de difficult\u00e9, sachant par exemple qu’il me suffisait de ne pas m’habiller en pyjama et veste polaire en public, comme la plupart des autres \u00e9tudiantes, pour passer pour une fashionista locale! Le campus \u00e9tait un tout petit monde et j’ai vite appris \u00e0 tomber “par hasard” sur A. \u00e0 la sortie de son cours de philo, \u00e0 la section audiovisuelle de la biblioth\u00e8que, ou encore \u00e0 la terrasse d\u2019Au Bon Pain<\/i> caf\u00e9\u2026 via
<\/span>
A chaque fois, mon hipster avait l’air ravi de me voir et mon c\u00f4t\u00e9 fleur bleue interpr\u00e9tait dans ses attentions des signes qui ne trompaient pas: il m\u2019embrassait sur les joues plut\u00f4t que de me faire un hug basique \u00e0 l\u2019Am\u00e9ricaine, il me recommandait tel ou tel prof pour le deuxi\u00e8me semestre, il me proposait m\u00eame d\u2019emprunter un de ses appareil reflex qu\u2019il n\u2019utilisait plus pour mes travaux du cours photo\u2026 Mais je commen\u00e7ais \u00e0 m’impatienter et, pour acc\u00e9l\u00e9rer un peu le processus, je d\u00e9cidais de tenter une approche oh-so-hipster : j\u2019acceptais l\u2019offre de pr\u00eat d\u2019appareil photo de A. en coin\u00e7ant un petit message \u00e9crit de ma plus belle plume sur son v\u00e9lo. En cons\u00e9quence, j\u2019obtenais son num\u00e9ro de t\u00e9l\u00e9phone et d\u00e9cidais de lui proposer de se joindre \u00e0 mes amis des quatre coins du monde lors de l\u2019une de nos prochaines vir\u00e9es de groupe. Je donnais \u00e0 A. l\u2019embarras du choix : soir\u00e9e en boite downtown le jeudi ; soir\u00e9e tranquille dans le seul bar du campus interdit aux moins de 21 ans le vendredi ; pre-game chez Pablo l\u2019Espagnol puis fraternity party chez Pablo le Colombien le samedi ; ou brunch le dimanche (clairement, j\u2019ai atteint mon pic en terme de sorties nocturnes lors de mon ann\u00e9e \u00e0 l\u2019\u00e9tranger !) A. \u00e9tait toujours aussi aimable avec moi mais ne s\u2019est jamais joint \u00e0 nous… <\/span><\/span><\/div>\n
\nMarion en V.O<\/a>
\n