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{"id":7427,"date":"2014-05-27T00:09:32","date_gmt":"2014-05-27T04:09:32","guid":{"rendered":"http:\/\/www.nyfrenchgeek.com\/2014\/05\/vanity-fair-2\/"},"modified":"2014-05-27T00:09:34","modified_gmt":"2014-05-27T04:09:34","slug":"vanity-fair-2","status":"publish","type":"post","link":"http:\/\/www.nyfrenchgeek.com\/2014\/05\/vanity-fair-2\/","title":{"rendered":"Vanity Fair"},"content":{"rendered":"
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Cr\u00e9dit: Eater NY<\/span><\/div>\n
Chers tous,<\/span><\/span><\/div>\n
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Cet \u00e9t\u00e9 j\u2019ai pass\u00e9 un peu de temps en Bretagne chez mes parents. J\u2019\u00e9tais vraiment impatiente de me d\u00e9connecter de la fr\u00e9n\u00e9sie new yorkaise m\u00eame si le contraste m\u00e9tropole internationale\/village baln\u00e9aire a \u00e9t\u00e9 presqu\u2019aussi saisissant que mon premier bain de la saison dans la Manche (temp\u00e9rature \u00e0 16 degr\u00e9s selon mes estimations un tantinet moins pr\u00e9cises que la m\u00e9t\u00e9o marine). Marion en V.F. \u00e7a donne donc : \u00ab Oh on peut voir les \u00e9toiles dans le ciel ! Mais comment \u00e7a la librairie est ferm\u00e9e entre midi et deux ?! C\u2019est normal que je puisse entendre le silence quand je lis ELLE le soir avant de m\u2019endormir ? Depuis quand un cappuccino se sert en mettant de la chantilly dans un expresso ? \u00bb… J\u2019ai pass\u00e9 un s\u00e9jour fantastique, et bien rempli parce que sur ma liste il y avait des choses TRES importantes \u00e0 faire avant de quitter la Bretagne (par exemple : prendre un long bain chaud avec des bulles, \u00e0 New York, en colocation, \u00e7a s\u2019y pr\u00eate moins, voyez-vous), mais je dois dire qu\u2019il y a quand m\u00eame quelque chose qui m\u2019a manqu\u00e9 : to see and to be seen<\/i>. <\/span><\/span><\/div>\n
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Ma premi\u00e8re journ\u00e9e compl\u00e8te au pays du sarrasin \u00e9tait un dimanche, alors autant vous dire que les rues \u00e9taient d\u00e9sertes, sans oublier les sentiers des douaniers car il faisait un temps de chien (\u00e0 ma grande surprise\u2026 une amn\u00e9sie s\u00e9lective m\u2019ayant conditionn\u00e9e \u00e0 me souvenir de la Bretagne en Juillet comme d\u2019un microclimat paradisiaque). Moi qui avais apport\u00e9 une s\u00e9lection de fringues “soir\u00e9e cocktail sur un rooftop”,  je suis vite pass\u00e9e en mode triple P (pull\/polaire\/pantalon), et j\u2019ai altern\u00e9 entre les deux slims qui avaient fait le voyage avec moi pour les urgences du style je-n\u2019ai-pas-eu-le-temps-de-m\u2019\u00e9piler\/de-mettre-de-l\u2019autobronzant. Le jean noir c\u2019\u00e9tait pour les occasions sp\u00e9ciales (d\u00e9jeuner \u00e0 la cr\u00eaperie, soldes \u00e0 la grande ville: Morlaix, soir\u00e9e visionnage des derniers \u00e9pisodes de la saison 2 de Downton Abbey<\/i>); tandis que le jean pastel c\u2019\u00e9tait pour les occasions “estivales” (marche sur la plage en K-way, pot en terrasse chauff\u00e9e, sortie en bateau \u00e0 moteur). Telle Kate Middleton, je n\u2019ai eu aucun complexe \u00e0 “recycler” mes tenues, puisque de toute fa\u00e7on je n\u2019allais tomber sur personne de familier avec le concept du fashion faux-pas<\/i>, ou alors justement trop familier avec ce concept ! Et contrairement \u00e0 Paris o\u00f9 je me suis retrouv\u00e9e nez-\u00e0-nez avec SJP, ma compatriote new yorkaise en goguette, en Bretagne je ne risquais que de tomber sur SJP (Soizig-Janick Pezron). Et c\u2019est bien \u00e7a le probl\u00e8me : faire de la confiture d\u2019abricot un apr\u00e8s-midi tranquille \u00e0 la maison sans d\u00e9clencher une alarme incendie c\u2019est le pied, mais le people watching<\/i> c\u2019est le Louboutin<\/i> pied !<\/span><\/span><\/div>\n
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Depuis mon retour, je m\u2019y suis remise assid\u00fbment : je matte sans vergogne les passants dans les rues de Manhattan que je sillonne avec mes espadrilles qui ne sont PAS des Tom\u2019s (il faut bien se d\u00e9marquer ici) ; je ne sors plus sans rouge \u00e0 l\u00e8vres, y compris pour faire mes courses chez Trader Joe\u2019s ; et surtout, je suis all\u00e9e d\u00eener chez Rosemary\u2019s. Comment \u00e7a vous ne connaissez pas Rosemary\u2019s ? C\u2019est pourtant l\u2019endroit id\u00e9al pour d\u00e9briefer en toute non-intimit\u00e9 avec sa meilleure amie qui vient d\u2019avoir The Talk<\/i>avec son ch\u00e9ri. Avec un peu de chance, tout le monde autour de vous sera au courant ! Rosemary\u2019s (noter le nom \u00e0 la fois familier et accrocheur), c\u2019est ce qu\u2019on appelle dans le jargon local a scene<\/i>. Soit un restaurant tr\u00e8s bien fr\u00e9quent\u00e9, presque TROP bien fr\u00e9quent\u00e9. <\/span><\/span><\/div>\n
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C\u2019est un ph\u00e9nom\u00e8ne typique dans le monde des restos\/bars\/brunch spots de New York : cela concerne un endroit qui a ouvert il y a un moment d\u00e9j\u00e0 (Momofuku Noodle Bar), une institution qui fait un come-back (La Grenouille), ou id\u00e9alement un newcomer<\/i> qui a un succ\u00e8s instantan\u00e9 et voit ainsi son avenir assur\u00e9 au moins pour les prochains mois de loyers faramineux \u00e0 payer downtown Manhattan (Miss Lily\u2019s Favourite Cake date de la saison derni\u00e8re, mais continue \u00e0 faire un carton). Certains chefs tueraient un cochon \u00e0 mains nues (et le cuisineraient au barbecue) pour que leur resto devienne a scene<\/i>, alors que pour d\u2019autres, et pour leurs clients, c\u2019est une mal\u00e9diction in disguise<\/i>, ou comment transformer un bon resto de quartier en foire \u00e0 beautiful people<\/i>.<\/span><\/span><\/div>\n
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Pour ceux qui r\u00eavent d’en arriver-l\u00e0, il n\u2019y a pas de recette miracle, mais on retrouve une combinaison d\u2019ingr\u00e9dients qui, savamment dos\u00e9s, peuvent cr\u00e9er a scene<\/i> : <\/span><\/span><\/div>\n
1) un menu s\u00e9duisant<\/span><\/span><\/div>\n
2) une cuisine qui se veut tendance, g\u00e9n\u00e9reuse et\/ou locavore<\/span><\/span><\/div>\n
3) si possible un celebrity chef <\/i>aux commandes<\/span><\/span><\/div>\n
4) un emplacement strat\u00e9gique<\/span><\/span><\/div>\n
5) une d\u00e9co belle et bien pens\u00e9e <\/span><\/span><\/div>\n
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Ce qui donne pour Rosemary\u2019s :<\/span><\/span><\/div>\n
1) un menu qui favorise le mix-and-match, et des prix pour toutes les bourses<\/span><\/span><\/div>\n
2) une cuisine italienne, compos\u00e9e de produits qui poussent sur le potager situ\u00e9 sur le toit du b\u00e2timent (!) ou faits-maison <\/span><\/span><\/div>\n
3) une star des fourneaux : \u00ab Chef Wade Moises came through the Batali circuit, first at Babbo and Lupa, then as the chef de cuisine at Eataly\u2014overseeing all six kitchens in that crazy establishment\u201d Source: Serious Eats<\/a><\/span><\/div>\n
4) une adresse <\/span><\/span>tranquille du West Village mais proche du m\u00e9tro: <\/span><\/span>18 Greenwich Avenue<\/span><\/span><\/span><\/div>\n
5) une d\u00e9co que je ne peux d\u00e9finir que comme “romantico-hipster-farmer-chic”<\/span><\/span><\/div>\n
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Cette combinaison est proche de la perfection et, malheureusement, je ne suis pas la seule \u00e0 le penser. A 7 heures un jeudi soir le restaurant est d\u00e9j\u00e0 plein de happy few<\/i> tandis que pour le commun des mortels, il y a plus d\u2019une heure de queue. A tel point que le host<\/i> de Rosemary’s a invent\u00e9 ses propres r\u00e8gles : il faut que tous les invit\u00e9s soient pr\u00e9sents, pas seulement pour pouvoir se mettre \u00e0 table, mais aussi simplement pour pouvoir figurer sur la liste d\u2019attente ! <\/span><\/span><\/div>\n
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Une bi\u00e8re a la spina<\/i> plus tard (je ne crois pas qu’ils servent la boisson culte de mes vacances post-Bretagne, pourtant de plus en plus populaire<\/a> \u00e0 New York: le spritz <\/span>d’Italie), n<\/span><\/span>otre r\u00e9luctance initiale \u00e0 jouer le jeu de la scene<\/i> s’est transform\u00e9e en impatience surexcit\u00e9e, et n<\/span>ous sommes plus que pr\u00eates \u00e0 vivre ce repas qui sera <\/span>forcement<\/span> digne de figurer dans les annales (de la blogosph\u00e8re). Nous \u00e9tudions avec attention les plats qui sortent de la cuisine juste devant nous, et passons ainsi notre commande \u00e0 la seconde on l\u2019on obtient une table, soit un bon 1h20 plus tard. En attendant, le people watching<\/i> m’occupe intens\u00e9ment. Chez Rosemary, le m\u00e9lange des genres est fascinant. <\/span><\/span><\/p>\n

Les New Yorkais sont en comp\u00e9tition permanente (les jeux olympiques ce n’est rien \u00e0 c\u00f4t\u00e9, croyez-moi)–selon le milieu dans lequel vous \u00e9voluez, il faut \u00eatre le plus fort \u00e0 ceci, la meilleure en cela–mais \u00e0 Rosemary’s, m\u00eame si nous \u00e9tions tous en comp\u00e9tition pour avoir une table le plus rapidement possible, la plupart des clients \u00e9tait aussi l\u00e0 pour se montrer et \u00e9tablir leur “pedigree” dans des domaines qui habituellement ne se c\u00f4toient pas de fa\u00e7on si fluide.<\/span><\/span><\/div>\n

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Dans mon champ de vision j\u2019observe toute une palette de sp\u00e9cimens :<\/span><\/span><\/div>\n
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Celui qui veut montrer qu\u2019il est le plus riche : le finance guy<\/i> en costard qui sort du boulot et commande <\/span><\/span>avec ses coll\u00e8gues<\/span><\/span> bouteille de vin sur bouteille de vin (\u00e0 seulement $ 40 la pi\u00e8ce, ils ont d<\/span><\/span>\u00fb<\/span> y passer la nuit).<\/span><\/span><\/div>\n
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Celui qui veut montrer qu’il est le plus high brow<\/i> : \u00ab Ce soir nous f\u00eatons le contrat de mon ch\u00e9ri qui vient d\u2019\u00eatre commissionn\u00e9 pour \u00e9crire un livre sur Terence Davies ! \u00bb<\/span><\/span><\/div>\n
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Celle qui veut montrer qu\u2019elle est la plus entretenue : elle ne cesse de nous \u00e9blouir avec sa grosse grosse grosse bague de fian\u00e7ailles<\/a>, et boucles d\u2019oreilles assorties. Le fianc\u00e9, quand \u00e0 lui, a sorti ses boutons de manchette les plus clinquants, petit joueur.<\/span><\/span><\/div>\n
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Celui qui veut montrer qu\u2019il est le plus hipster : casquette de cycliste retourn\u00e9e sur la t\u00eate, bermuda en jean d\u00e9coup\u00e9 aux genoux, d\u00e9bardeur wife beater<\/i>, tatouage \u00e0 gogo, no comment.<\/span><\/span><\/div>\n
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Celle qui veut montrer qu\u2019elle est la plus maternelle : emmener ses bambins au restaurant un soir de semaine, pourquoi pas? Mais n\u2019est-ce pas plut\u00f4t une fa\u00e7on de prouver sa pratique exemplaire de l’attenchement parenting,<\/i> un type d\u2019\u00e9ducation tr\u00e8s en vogue de Tribeca jusqu’\u00e0 Park Slope ? (Of course, le concept<\/a> n\u2019a pas de page Wikipedia en Fran\u00e7ais).<\/span><\/span><\/div>\n
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Celui qui veut montrer qu\u2019il est le plus preppy<\/i> : blazer, chemise rose, m\u00e8che de cheveu, mocassins\u2026 seule faute de go\u00fbt, \u00e0 d\u00e9faut de trouver de la place au bar bond\u00e9, monsieur reste plant\u00e9 debout avec, main droite, son verre de vin entam\u00e9 et, main gauche, sa bouteille de vin entam\u00e9e !<\/span><\/span><\/div>\n
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Celle qui veut montrer qu\u2019elle a tous les droits : l\u2019Am\u00e9ricaine qui demande au patron de d\u00e9loger les fumeurs du trottoir parce qu\u2019ils ne sont pas aussi loin du b\u00e2timent que le voudrait la distance r\u00e8glementaire !<\/span><\/span><\/div>\n
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Celle qui veut montrer qu\u2019elle est la plus cosmopolite : apr\u00e8s l\u2019intervention de l\u2019Am\u00e9ricaine assise \u00e0 la table voisine, je lui lance un regard incr\u00e9dule. Moi non plus je n\u2019aime pas \u00eatre envahie par les fumeurs, mais si elle avait \u00e9t\u00e9 assise en leur tournant le dos, elle n\u2019aurait m\u00eame pas senti<\/i> qu\u2019ils \u00e9taient-l\u00e0 (le vent devait souffler en leur faveur\u2026).<\/span><\/span><\/p>\n

Ma contemplation est bri\u00e8vement interrompue quand on nous demande gentiment de changer de table… \u00ab parce que la demoiselle au bar qui vient de s\u2019\u00e9vanouir on va lui donner une place assise avec ses amies tout de suite \u00bb\u2026 (une bonne combine, \u00e0 retenir pour la prochaine fois!). <\/span><\/span><\/div>\n

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C<\/span>ertes, <\/span><\/span>les clients de Rosemary\u2019s sont insupportables, mais, \u00e0 d\u00e9faut d\u2019\u00eatre aussi “sp\u00e9cial” qu’eux, le patron vous ferra VOUS vous sentir sp\u00e9ciale: les deux verres de vin et le dessert offerts par la maison n’y sont sans doute pas pour rien (raisons list\u00e9es sur notre tiquet de caisse : “long wait”, “best guests”). Alors Rosemary’s, ce n\u2019est pas du Shakespeare, but what a scene !<\/span><\/span><\/div>\n
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R\u00e9trospective “Vanity Fair” :<\/b><\/span><\/span><\/div>\n
<\/i>City Lights<\/i> (Charlie Chaplin, 1931)<\/span><\/div>\n
Rosemary’s Baby<\/i> (Roman Polanski, <\/span><\/span>1968) <\/div>\n
Alice’s Restaurant<\/i> (<\/span>Arthur Penn, 1969)<\/span>  <\/i>
Vanity Fair<\/i> (Mira Nair, 2004) <\/div>\n
Food, Inc.<\/i> (<\/span>Robert Kenner, 2008)<\/div>\n
Dinner for Schmucks<\/i> (Jay Roach, 2010) <\/span><\/div>\n

via
\nMarion en V.O<\/a>
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