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{"id":3118,"date":"2012-12-13T05:11:38","date_gmt":"2012-12-13T10:11:38","guid":{"rendered":"http:\/\/www.nyfrenchgeek.com\/2012\/12\/les-impatries-la-suite\/"},"modified":"2012-12-13T05:11:38","modified_gmt":"2012-12-13T10:11:38","slug":"les-impatries-la-suite","status":"publish","type":"post","link":"http:\/\/www.nyfrenchgeek.com\/2012\/12\/les-impatries-la-suite\/","title":{"rendered":"Les impatri\u00e9s (la suite)"},"content":{"rendered":"

\"30<\/a><\/p>\n

Si vous n\u2019avez pas lu cet article du Monde<\/a>, faites-le. Il raconte le retour en France compliqu\u00e9 de bon nombre d\u2019expats ; les appelants avec familiarit\u00e9, \u00ab\u00a0les impats\u00a0\u00bb. N\u00e9ologisme sympa, mais surtout n\u00e9cessaire. Et oui, c\u2019est qu\u2019il n\u2019y a pas de mot pour nous d\u00e9signer, nous, expats\u2019 de retour. L\u2019article est bon, vraiment, et il explique comment on en arrive \u00e0 se sentir \u00e9tranger chez soi, le cul entre deux chaises, ici et l\u00e0-bas. Marion en VO<\/strong> en sait quelque chose, elle vient de se faire licencier \u00e0 NYC et raconte son aventure<\/a> avec un r\u00e9alisme poignant. Retour \u00e0 la case d\u00e9part, donc pour beaucoup d\u2019expats. NYC la ville d\u2019adoption, Paris la hometown. Et apr\u00e8s\u00a0? En quatre ans, j\u2019ai vu tous mes potes ou presque repartir, avec ou sans sourire. \u00ab\u00a0L\u2019important c\u2019est pas la chute, c\u2019est l\u2019atterrissage\u00a0\u00bb. Alors, JFK \u2192\u00a0CDG, \u00e7a se fait sans heurt\u00a0? Pas sans stigmate, en tout cas.<\/span><\/p>\n

Marine, Germain, B\u00e9a, J\u00e9r\u00f4me, Omar, Rudy, Constance, Doryne, Thomas, Sophie, Dyanne, Pablo, Axel, Fred, la liste est longue et ne finie jamais. New York, c\u2019est rarement pour la vie. 2, 3, 4 ans c\u2019est d\u00e9j\u00e0 pas mal. J’ai connu une bonne tripot\u00e9e de jeunes gens dynamiques, sympathiques, sous visa J1, H1B, O1, L1, I, bref, eux seuls peuvent comprendre ces codes. Mais une fois la date arriv\u00e9e \u00e0 \u00e9ch\u00e9ance sur ce bout de papier si difficilement obtenu, fini les Etats Unis, retour au bled. Et apr\u00e8s l\u2019Am\u00e9rique et l\u2019amour du dollar, de l\u2019individualisme, de l\u2019entertainement, de la qualit\u00e9, du custumer service, et tout ce qui en fait un pays si fascinant, te voil\u00e0 dropp\u00e9 dans ton village natal, probablement de retour dans ta chambre d\u2019ado poussi\u00e9reuse avec au mur, quelques posters de stars de la dance que tu aimais avant de partir faire tes \u00e9tudes \u00ab\u00a0en ville\u00a0\u00bb. Tu d\u00e9poses tes valises, et pars en qu\u00eate de rep\u00e8res dans cet environnement autrefois familier, mais tu ne retrouves rien de ce que tu cherches. Pas m\u00eame ta place.<\/p>\n

Nous, version US, c\u2019est forcement styl\u00e9. On a tous un truc \u00e0 part, qui te sort du lot l\u00e0-bas. Style, job, origines, langues, passions, sports. Un truc unique. Tu vois ce que je veux dire\u00a0? Tu \u00e9tais probablement \u2018the french boyfriend who knows how to cook crepes au Nutella\u2019 ou toi, la \u2018french caribbean chick with great taste in fashion\u2019. Selon plusieurs sources locales (gonflage de chevilles assur\u00e9) j\u2019incarnais le summum de l\u2019exotisme. Mi-fran\u00e7aise (m\u00e9lange de sexy, classe, french kiss, l\u2019imaginaire US est tr\u00e8s indulgent, ils fantasment totalement sur nous) \u2013 mi-marocaine (Where is that? Africa, right? Oh so you\u2019re black? What, arabic? Like middle eastern people\u00a0in Africa? Wow, crazy!). Arabo-europ\u00e9enne avec un accent cute, des cheveux longs et une t\u00eate de latina. Le sentiment d\u2019\u00eatre un mod\u00e8le unique au monde en terre new-yorkaise. Mais \u00e7a, \u00e7a ne dure que jusqu\u2019\u00e0 l\u2019arriv\u00e9e \u00e0 CDG. A Paris, je suis juste une Arabe de plus. Et comme tu le sais si bien, quand y\u2019en a une \u00e7a va, c\u2019est quand y\u2019en a plusieurs\u2026Bref.<\/p>\n

\"impat1\"<\/a><\/p>\n

Donc tu es de retour dans ta chambre d\u2019ado, tu es surnomm\u00e9(e) l\u2019am\u00e9ricain(e) par ta famille et tes amis, et tu te demandes un peu chaque jour, \u00ab\u00a0mais qu\u2019est-ce que je fous l\u00e0\u00a0\u00bb. Que tu sois revenu(e) ou pas volontairement, le sevrage de New York va prendre du temps. Non, les magasins ne seront plus ouverts 24h\/24. Non, la caissi\u00e8re ne fera plus tes sacs de course (d\u2019ailleurs y\u2019a plus de sacs aux caisses maintenant). Non la programmation de la salle de concerts de ton quartier ne sera plus g\u00e9niale. Au mieux, en hip hop, tu auras un showcase de Rim-K. Non, le barman ne te servira plus de grand verre d\u2019eau fra\u00eeche, ni de poivre moulu dans ta salade C\u00e9sar. D\u2019ailleurs, tu peux lui dire adieu, \u00e0 ta salade C\u00e9sar. Non, les gens ne seront plus friendly<\/i> avec toi dans la rue, dans les magasins ou les administrations (pire, ne t\u2019avise pas de sourire \u00e0 ta voisine dans le m\u00e9tro au risque d\u2019\u00eatre signal\u00e9(e) \u00e0 la s\u00e9curit\u00e9). Non, les papys ne seront plus en Jordans et casquettes \u00e0 l\u2019effigie des Yankees, mais plut\u00f4t baskets \u00e0 scratchs et b\u00e9rets de laine. Non, la gentlemanerie (calcul\u00e9e et pas spontan\u00e9e, oui, mais gentlemanerie quand m\u00eame) ne sera plus monnaie courante. Autrement dit, pr\u00e9vois de payer tes trucs toi-m\u00eame quand tu as un rencart. Non, les taxis ne seront plus ton moyen de transport favori pour descendre cinq blocks<\/i>. D\u2019ailleurs, tu ne diras plus jamais blocks<\/i>. Non tu ne mangeras plus de nachos au cin\u00e9ma, au mieux ce sera un paquet de pop corn XXL, l\u2019\u00e9quivalent d\u2019une kid size<\/i> aux States. Non, on ne t\u2019appellera plus seniorita, gorgeous <\/i>et hot thag<\/i> dans la rue. Dans ta banlieue, exit le chantant mamacita<\/i>, bonjour, l\u2019horrible mamazelle<\/i>. Non, la vie ne sera plus jamais la m\u00eame. Et \u00e7a prendra du temps de te r\u00e9habituer \u00e0 la France. Ca prendra du temps de te sevrer de New York.<\/p>\n

\"impat2\"<\/a><\/p>\n

En plus de te r\u00e9adapter aux Fran\u00e7ais et au fran\u00e7ais, il faut te faire une raison, tu as rat\u00e9 le train. Pendant que tu gal\u00e9rais en Am\u00e9rique \u00e0 essayer de te faire une place, toi, curiosit\u00e9 exotique \u00e0 la t\u00eate de Mexicaine, ou toi, frenchy expert en cr\u00eapes au Nutella, et bien tes potes avan\u00e7aient sur leur petit bonhomme de chemin hexagonal. Pom pom pom pom. Tu les as laiss\u00e9s bons vivants, cin\u00e9s, restos, verres, ap\u00e9ros, soir\u00e9es, bo\u00eetes, concerts, weekends sur un coup de t\u00eate, vive la vie, on s\u2019aime tous, c\u2019est g\u00e9nial l\u2019amiti\u00e9. Tu les retrouves englu\u00e9s dans un mariage pas toujours heureux, endett\u00e9s pour une maison en banlieue, que tu n\u2019es pas pr\u00eat(e) de visiter faute de moyens de transport pour t\u2019y rendre, et puis de toute fa\u00e7on, ils ont plus le temps, le taf, le petit, la cr\u00e8che, la famille, les d\u00eeners entre couples d\u2019amis en couple, qui viennent \u00e0 deux, tu comprends, en bin\u00f4me, nombre pair, c\u2019est bien plus leur d\u00e9lire que les impats qui reviennent des States. Bref, nos amis se sont accomplis. C\u2019est bien, c\u2019est lisse, c\u2019est beau sur le papier. Toi \u00e0 c\u00f4t\u00e9, tu fais pas le poids\u00a0! Aller, on imagine ta r\u00e9ponse \u00e0 un banal\u00a0\u00ab\u00a0Et toi alors, quoi de neuf, pas trop dur le retour de New York\u00a0?\u00a0\u00bb<\/p>\n

– Bah moi, \u00e7a va. Je suis \u00e0 P\u00f4le Emploi, mais bon comme j\u2019\u00e9tais \u00e0 l\u2019\u00e9tranger, j\u2019ai pas de droits. RSA quoi. Et sinon je suis retourn\u00e9(e) \u00e0 la cit\u00e9, chez mes parents. Tranquille. Et voil\u00e0, pas d\u2019enfant, mon partenaire est rest\u00e9(e) aux States du coup on s\u2019est s\u00e9par\u00e9\u2026 Ah et j\u2019ai pas de voiture mais j\u2019ai pris un abonnement Velib\u2019, donc j\u2019suis bien quoi.\u00a0\u00bb<\/p>\n

\"impat3\"<\/a><\/p>\n

Vachement moins glam que New York. Et puis avant, tu n\u2019avais jamais le temps quand tu revenais en coup de vent une semaine. Et bien maintenant c\u2019est eux qui te mettent des crampes. Tu \u00e9tais l\u2019ami(e) de New York. Ils te voyaient une fois par an, et parfois sur Skype. C\u2019\u00e9tait presque plus pratique finalement. R\u00e9sumons donc. Plus de boulot, plus d\u2019appart, plus de potes c\u00e9libataires, plus de Netflix, et plein de temps. Du temps \u00e0 en perdre la notion. Va falloir trouver un moyen de combler ces heures de rien. Vu que tes dollars se transforment difficilement en euros, l\u2019heure tourne et te rappelle que m\u00eame si tu t\u2019en es mis plein les poches pendant plusieurs ann\u00e9es, va falloir penser \u00e0 cherche un job ici. Oui, mais ici, en pleine crise, c\u2019est pas s\u00fbr que tu retrouves un taf \u00e0 la hauteur de ta qualification\u2026et de tes exigences financi\u00e8res. Alors rentrer et se sentir \u00e0 l\u2019\u00e9troit dans cet avenir lisse qui fait bien sur le papier, ou rentrer pour mieux repartir ? Telle est la question, mais si tu restes, compte six \u00e0 douze mois pour ne plus te sentir \u00e9tranger chez toi\u2026 L’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.<\/p>\n

Update<\/strong>: Suite \u00e0 un nombre inqui\u00e9tant<\/em> de messages de soutien (ahaha), j’aimerais clarifier les choses : Mon atterrissage a \u00e9t\u00e9 plus que douillet et je suis entre la France et NYC par choix. Mon visa est encore valable et le Velib, j’adore ! Ce n’est pas que mon histoire que je raconte ici, c’est l’histoire de tous les jeunes expats de retour.
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\nvia thetravelingirl
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The Travelin’ Girl<\/a>
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