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{"id":2994,"date":"2012-10-05T22:32:35","date_gmt":"2012-10-06T02:32:35","guid":{"rendered":"http:\/\/www.nyfrenchgeek.com\/2012\/10\/something-new\/"},"modified":"2012-10-05T22:32:35","modified_gmt":"2012-10-06T02:32:35","slug":"something-new","status":"publish","type":"post","link":"http:\/\/www.nyfrenchgeek.com\/2012\/10\/something-new\/","title":{"rendered":"Something New"},"content":{"rendered":"

\"\"<\/a><\/p>\n

« Za-bi-hall?! ». J’\u00e9carquille un peu plus les yeux. Elle vient de r\u00e9p\u00e9ter cette combinaison myst\u00e8re d\u00e9j\u00e0 deux fois et j’ai beau chercher, j\u2019comprends pas. \"\"<\/a>« Zabihall like\u2026what? ». Elle me regarde avec m\u00e9pris. Pas moi, j\u2019suis cool. Je prends m\u00eame mon air touch\u00e9e, comme le Chat Pott\u00e9 dans Shrek\u2026 Ses faux-cils \u00e9pais, ses ongles tricolores, sa bouche rose bonbon et ses cheveux blonds et rouges contrastent avec sa tenue. Elle a un uniforme bien trop grand pour elle, en coton bleu marine et une casquette rouge qui penche sur le c\u00f4t\u00e9 droit. Cette femme est un arc-en-ciel. Je suis fascin\u00e9e. « Mam\u2019 u holding the line, anything else? » « No that will be all thanks ». Et l\u00e0 je r\u00e9alise que depuis taleur elle me dit « that’d be all \/ zabihall » avec son-accent-du-sud-y’all. Damn<\/em>. Quelques minutes plus tard, sa coll\u00e8gue crie ‘Number 61′. Je me manifeste. Elle me tend un sac en papier tout chaud contenant un Filet-O-Fish, une frite, qui s’av\u00e9rera tr\u00e8s sal\u00e9e, une sauce barbecue, obtenue gratuitement puis elle se retourne pour attraper un ice tea gigantesque dans un gobelet aux couleurs des Saints, l\u2019\u00e9quipe locale de foot… Je sors du McDo de Canal street, contemplant cette boisson qui, a elle seule \u00e9tancherait la soif de tous les habitants de la Louisiane. Car oui… Vous l’aurez devin\u00e9… Me voil\u00e0 au pays des beignets, de Mardi Gras et des ouragans… Cette ville fascinante que je surnommerai d\u00e9sormais la Nouvelle « za-bi-hall » Orl\u00e9ans. Boom !<\/p>\n

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En d\u00e9barquant \u00e0 New York en 2008, je ne savais pas grand-chose de la ville. Ni des autres d\u2019ailleurs\u2026 L.A, Atlanta, Miami. Oualou de chez oualou. J\u2019avais juste des plans de clips de R&B en t\u00eate et des clich\u00e9s par dizaines. Alors la Nouvelle Orl\u00e9ans, j\u2019t\u2019en parle pas. Jusqu\u2019\u00e0 l\u2019ann\u00e9e derni\u00e8re, je ne connaissais rien sur le sujet. \u00c9videment, le jazz, le Mississippi, Lil Wayne, Mardi Gras (aka Fat Tuesday), son classement au top des villes du crime, ses mar\u00e9cages et la tristement c\u00e9l\u00e8bre Katrina dont Spike Lee a dress\u00e9 le portrait dans deux documentaires bouleversants… Des id\u00e9es vagues. Peu d\u2019int\u00e9r\u00eat \u00e0 vrai dire. Jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019une amie me raconte son s\u00e9jour, me montre des photos et me dise \u00ab\u00a0ces balustrades l\u00e0, c\u2019est l\u2019architecture fran\u00e7aise du 19e<\/sup> si\u00e8cle, j\u2019trouve \u00e7a trop beau.\u00a0\u00bb Moi j\u2019lui dis non, impossible. C\u2019est pas am\u00e9ricain, certes, mais c\u2019est pas fran\u00e7ais pour autant. Elle me dit que c\u2019est \u00e9crit dans les livres. Elle ajoute que tout sonne french<\/em> l\u00e0-bas, of course<\/em> la Louisiane a \u00e9t\u00e9 fran\u00e7aise pendant 100 ans. Ah bon\u00a0? Vite, Wikipedia.<\/p>\n

Quelques clics plus tard j\u2019apprends que les colons fran\u00e7ais se sont install\u00e9s \u00e0 la Nouvelle Orl\u00e9ans d\u00e9but 1700, qu\u2019ils l\u2019ont ensuite c\u00e9d\u00e9e \u00e0 l\u2019Espagne, qu\u2019elle a brul\u00e9 deux fois, qu\u2019elle a \u00e9t\u00e9 reconstruite par des mains africaines sous directives espagnoles, qu\u2019elle a \u00e9t\u00e9 fran\u00e7aise \u00e0 nouveau quelques mois avant d\u2019\u00eatre vendue aux Am\u00e9ricains en 1803. Et d\u2019un coup, mon int\u00e9r\u00eat est titill\u00e9. Moi qui m\u2019amuse tant \u00e0 rep\u00e9rer les m\u00e9langes de cultures franco-am\u00e9ricains \u00e0 New York, il y aurait donc une destination encore plus excitante pour ce genre d\u2019observations\u2026 J\u2019en parle \u00e0 tout le monde\u00a0: \u00ab\u00a0Tu savais que la Louisiane\u00a0avait appartenu \u00e0 la France pendant 100 ans ?\u00a0\u00bb. Et bien, oui. Tout le monde sait. Mais personne ne sait vraiment qui, quoi, comment et surtout, ce qu\u2019il en reste de cet h\u00e9ritage fran\u00e7ais. A part le nom. Et quelques monuments. Mon coll\u00e8gue rit de mon ignorance et me conseille de regarder la s\u00e9rie Trem\u00e9 sur HBO. \u00ab\u00a0Tu verras c\u2019est mortel, \u00e7a montre la ville post-Katrina\u00a0\u00bb. Je note le nom, pensive. Pendant plus d\u2019un si\u00e8cle, on a parl\u00e9 fran\u00e7ais, chant\u00e9 fran\u00e7ais, dans\u00e9 fran\u00e7ais, mang\u00e9 fran\u00e7ais dans un \u00e9tat aujourd\u2019hui am\u00e9ricain. C\u2019est fou non\u00a0? On est un peu \u00e0 la base du cainrisme finalement ! Alors j\u2019me dis faut y\u2019aller.<\/p>\n

Quelques semaines plus tard, un billet en poche, je file \u00e0 la Nouvelle Orl\u00e9ans voir les traces de ce pass\u00e9 colonial intriguant. C\u2019est \u00e0 trois heures et d\u2019mi de vol et cent dollars de New York. J\u2019ai feuillet\u00e9 un guide touristique en amont, histoire de\u2026et j\u2019ai vu qu\u2019on y mange bien, que la ville respire la musique, que le French Quarter est s\u00fbr pour y trouver un h\u00f4tel, que la tombe d\u2019une pr\u00eatresse Voodoo est la deuxi\u00e8me s\u00e9pulture la plus visit\u00e9e du pays, qu\u2019on peut faire du bateau \u00e0 vapeur sur le Mississippi comme Tom Sawyer<\/a>, qu\u2019il y a des alligators et qu\u2019y passer le weekend est un must. Leggo\u00a0! \u00ab\u00a0Delta Airlines bonjour\u2026\u00a0\u00bb J\u2019arrive \u00e0 midi. On est fin septembre, il fait tr\u00e8s chaud. Tout est en anglais et fran\u00e7ais \u00e0 l\u2019a\u00e9roport. \u00c7a commence bien. Quarante dollars de taxi plus tard, j\u2019ai faim, ma chambre est pas pr\u00eate et j\u2019ai trente minutes \u00e0 tuer. Je me balade aux alentours de mon h\u00f4tel, situ\u00e9 pr\u00e8s de Canal street, ce grand boulevard qui d\u00e9limite le TBD, le quartier am\u00e9ricain, du Vieux Carr\u00e9, le quartier fran\u00e7ais. A gauche, les grands buildings, les grosses pierres grises, les rues larges. A droite, les couleurs, les grands volets en bois, les balcons en fer forg\u00e9 qui s\u2019\u00e9talent \u00e0 perte de vue dans les rues \u00e9troites de ce quartier bleu blanc rouge. C\u2019est pas vraiment d\u2019chez moi tout \u00e7a. Enfin, \u00e7a d\u00e9pend de quel chez moi on parle. Parce que justement, \u00e7a fait plus arabe que fran\u00e7ais limite. C\u2019est europ\u00e9en oui, mais on se croirait dans la Cara\u00efbe. Je retourne sur mes pas, direction l\u2019h\u00f4tel, le ventre qui gargouille. Il y a un McDo sur le m\u00eame block et d\u2019un coup j\u2019ai follement envie de french fries<\/em> histoire de rester dans le contexte. D\u2019ou ma rencontre avec la femme arc-en-ciel.<\/p>\n

Repue de mon sandwich, des mes frites sal\u00e9es go\u00fbt barbecue et de mon ice tea g\u00e9ant, je pars \u00e0 la conqu\u00eate du French Quarter, avec cette na\u00efvet\u00e9 des d\u00e9buts. Se perdre dans les rues, d\u00e9couvrir au gr\u00e9 des d\u00e9tours, \u00eatre surpris, d\u00e9\u00e7u, heureux, intimid\u00e9. Appareil photo, short et Havaianas bleues turquoises aux pieds, mode touriste enclench\u00e9. Je longe Royal street, Toulouse street, Frenchmen street, j\u2019observe\u00a0: sourires g\u00e9n\u00e9reux, caf\u00e9s accueillants, \u00e9choppes pleines de souvenirs originaux\u2026 \u00e9pices, gueules d\u2019alligators s\u00e9ch\u00e9es, t-shirts color\u00e9s, pralines\u2026 Je regarde ces dr\u00f4les d\u2019immeubles \u00e0 deux ou trois \u00e9tages, aux grands volets jaunes, rouges, violets, roses. C\u2019est doux, c\u2019est calme, c\u2019est cool. Le surnom de la ville\u00a0? The Big Easy. J\u2019approuve. Puis je sors des petites rues et je longe le Mississippi sur quelques blocks, je m\u2019assois au Caf\u00e9 du Monde pour manger des beignets gras et boire un chocolat chaud, servis par une dame asiatique qui s\u2019ennuie. Il y a au moins quarante serveurs qui travaillent sur cette terrasse ultra connue de la ville. Ah c\u2019est donc \u00e7a des beignets. Je savais pas \u00e0 quoi m’attendre, mais tout le monde m’a dit d’en manger. Pour moi un beignet c’est un donut sans trou quoi. Je me souviens en avoir fait des comme \u00e7a avec ma m\u00e8re \u00e0 Mardi Gras, elle appelait \u00e7a des cr\u00eapes dures. Ici ils disent \u00ab\u00a0b\u00e9inyeah\u00a0\u00bb et ils pensent que c\u2019est le top de la gastronomie fran\u00e7aise. Roul\u00e9 dans la farine les mecs\u00a0! Rien \u00e0 voir. Passons. Je file ensuite au march\u00e9 fran\u00e7ais. L\u00e0 encore, c\u2019est un peu un attrape nigaud. C\u2019est genre un march\u00e9 avec des commer\u00e7ants ambulants en tous genres, mais pas des meilleurs. Bracelets en perles, porte-monnaie, \u00e9pices sous plastique, pralines, paniers en osier. La plupart des vendeurs sont Africains ou Asiatiques. Mouais. On joue un peu sur les mots dans cette ville, non\u00a0? Un quartier fran\u00e7ais construit par les Espagnols, un march\u00e9 fran\u00e7ais sino-africain, une sp\u00e9cialit\u00e9 fran\u00e7aise oubli\u00e9e depuis des ann\u00e9es\u2026 Ok, peut mieux faire. Mais attention hein, je chipote l\u00e0\u2026 pourtant mes yeux se r\u00e9galent. C\u2019est juste que l\u2019h\u00e9ritage fran\u00e7ais, je le pensais plus juste. En fait, il est l\u00e0 seulement dans la forme, pas dans le fond. Et la forme, bah, elle est tordue.<\/p>\n

En repassant \u00e0 l\u2019h\u00f4tel, la r\u00e9ceptionniste m\u2019accueille avec un grand sourire, \u00ab\u00a0So how was your day miss\u00a0\u00bb, elle lance avec son accent chantant. \u00ab\u00a0Fun\u00a0\u00bb. Je lui explique alors le but de mon voyage\u00a0: en savoir plus la p\u00e9riode fran\u00e7aise. Elle me conseille un tour<\/a> historique dans le French Quarter qui raconte l\u2019histoire d\u2019une famille cr\u00e9ole. Parfait\u00a0! Les visites sont tous les jours \u00e0 10h, au d\u00e9part d\u2019une petite boutique, \u00e0 dix minutes \u00e0 pied. Le soir, je file manger du poisson et \u00e9couter du jazz sur Frenchmen street. Un groupe joue dans la rue, les gens dansent, les bars ont leurs portes grandes ouvertes et la foule se masse. C\u2019est fou cette chaleur, cette ambiance, cette spontan\u00e9it\u00e9, cette libert\u00e9, cette harmonie. Je souris. New York, prend en de la graine.<\/p>\n

Le lendemain matin j\u2019arrive au point de rendez-vous, en mode Cortex de \u2018Minus et Cortex\u2019. J\u2019ai presque un cartable sur le dos quoi. En vrai j\u2019ai toujours mes Havaianas bleues. Et je suis la seule \u00e0 attendre. Le guide m\u2019explique gentiment que si je suis seule, il ne pourra pas assurer la visite\u2026 Il faut \u00eatre au moins deux. Voire trois. Je comprends. Alors je lui pose des questions, histoire d\u2019\u00eatre s\u00fbre d\u2019avoir quelques r\u00e9ponses si cette visite ne se fait pas. C\u2019est quoi un Cr\u00e9ole\u00a0de Louisiane\u00a0? Ils faisaient quoi ces Fran\u00e7ais ici\u00a0? Et pourquoi ils sont partis\u00a0? Pourquoi il ne reste plus grand chose de l\u2019h\u00e9ritage fran\u00e7ais aujourd\u2019hui ? Est-ce qu\u2019il y a encore des francophones\u00a0? Finalement, il me dit \u00ab\u00a0Allons-y, marchons\u00a0\u00bb. Boom, j\u2019ai droit \u00e0 une visite priv\u00e9e\u00a0! Il me raconte l\u2019histoire de la famille Locoul, des Fran\u00e7ais arriv\u00e9s \u00e0 la Nouvelle Orl\u00e9ans fin 18e<\/sup>. Plantations, h\u00e9ritage, m\u00e9tissage, culture, mariage mort, tout y passe. A travers eux, c\u2019est toute la soci\u00e9t\u00e9 cr\u00e9ole qui prend vie. Car les Cr\u00e9oles \u00e0 la base, sont des aristocrates fran\u00e7ais venus en Louisiane pour faire des affaires. La plupart avaient une plantation, des esclaves et r\u00e9coltaient de la canne. Tu connais l\u2019histoire\u2026 Moi qui pensais que les Fran\u00e7ais \u00e9taient venus l\u00e0 pour s\u2019installer tranquille. Nope. Business only. Aujourd\u2019hui, passer le pas de ces portes et voir l\u2019arri\u00e8re-cour de ces maisons charg\u00e9es d\u2019histoire, c’est pas seulement touchant, c’est presque d\u00e9rangeant. La cuisine, la salle du linge, les chambres des esclaves, comme tous les colons, l\u2019histoire de ces Cr\u00e9oles n\u2019est pas des plus propres. Elle permet de comprendre la ville, New Orleans. Apr\u00e8s la vente de la Louisiane aux \u00c9tats Unis, les enfants de Cr\u00e9oles se sont fondus dans la masse, se sont am\u00e9ricanis\u00e9s, ils ont oubli\u00e9 le fran\u00e7ais. On peut pas leur en vouloir, la langue fran\u00e7aise a \u00e9t\u00e9 interdite en 1916. Faut dire que les Am\u00e9ricains n\u2019aimaient pas trop les Cr\u00e9oles. Deux mondes, deux cultures, deux fa\u00e7ons de voir les choses. L\u2019un pensait en noir & blanc, l\u2019autre n’avait pas peur du m\u00e9lange\u2026 La visite se termine et moi ‘j’vais me balader, aller m’balader, m’balader, aller m’balader’…<\/p>\n

Bref. Ce qu\u2019il faut en retenir (et bravo si vous \u00eates encore avec moi \u00e0 ce stade du billet). La culture fran\u00e7aise est une culture morte dans la Big Easy. C’est plus une carotte \u00e0 touriste qu’autre chose. Mais c\u2019est pas grave, la Nouvelle Orl\u00e9ans est bien assez riche comme \u00e7a\u2026 Entre les Indiens, les Am\u00e9ricains, les Africains, les Carib\u00e9ens, et les habitants de Nola eux m\u00eame, elle n\u2019a que faire des Fran\u00e7ais\u2026 Par contre, \u00eatre Fran\u00e7ais(e) l\u00e0-bas, \u00e7a a quand m\u00eame bien la cote. Je parle en connaissance de cause. Ah !<\/p>\n

(P.S: Photos d’une touriste en tongs bleues turquoises)<\/em><\/p>\n

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\nvia thetravelingirl
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The Travelin’ Girl<\/a>
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