\u00a0La France est mon pays. Le Maroc aussi. Mon p\u00e8re y est n\u00e9. Et son histoire me berce depuis toujours. Pendant ma jeunesse, je l\u2019\u00e9coutais me conter ses souvenirs du d\u00e9sert. Comment il avait chass\u00e9 une meute de chiens qui effrayait ses s\u0153urs, comment il avait \u00e9lev\u00e9 un loup, comment, avant d\u2019entrer dans les pi\u00e8ces de la casbah, le soir venu, il fallait taper dans ses mains pour \u00e9loigner les serpents, comment sa maman cachait de petits berlingots Nestl\u00e9 dans les fissures des murs. Comment il arrivait \u00e0 les trouver, et s\u2019en d\u00e9lectait en cachette. Comment il devait grimper aux palmiers pour polliniser manuellement les dattes. Comment il s\u2019\u00e9tait fait piqu\u00e9 par un scorpion. Comment on lui arrachait une dent si elle \u00e9tait cari\u00e9e. Comment il jouait aux billes avec des crottes de ch\u00e8vre. Au foot pieds nus. Aux cartes \u00e0 la lueur d\u2019une lampe \u00e0 huile. Comment la vie \u00e9tait simple. Comment la vie \u00e9tait belle. Comment, en \u00e9coutant le d\u00e9sert il comprenait le monde. Comment, ce qui nous importe aujourd\u2019hui n\u2019avait aucun sens alors. Dans ce ch\u00e2teau de terre et aux alentours, une v\u00e9ritable vie f\u00e9odale s\u2019y organisait. Mon grand-p\u00e8re, commer\u00e7ant et voyageur et son petit fr\u00e8re, le sage, se partageaient la casbah. A c\u00f4t\u00e9, mon grand-oncle, le cheikh, habitait le riad. Un peu plus loin, le plus \u00e2g\u00e9 des fr\u00e8res, le religieux, vivait dans une grande maison de terre. Chacun des quatre fr\u00e8res avait un r\u00f4le important dans la communaut\u00e9 et ils r\u00e9gnaient ainsi sur Amridil, un village pr\u00e8s de Skoura \u00e0 une demi-heure de Ouarzazate. Y retourner me fait toujours autant de bien. \u00ab\u00a0Si je sais d\u2019o\u00f9 je viens je sais o\u00f9 je vais\u00a0\u00bb chantait Wallen, quand on \u00e9tait au coll\u00e8ge et qu\u2019on \u00e9coutait NRJ. Je suis assez d\u2019accord. Un retour aux sources a le m\u00e9rite de remettre les id\u00e9es en place. Et face \u00e0 cette casbah, immense, majestueuse\u00a0; face \u00e0 cette casbah, je suis transport\u00e9e. De paix, de joie, d\u2019\u00e9motion. Mais avant, passage \u00e0 Casa et Agadir. Quel voyage\u00a0!<\/span><\/p>\n

Avril 2015. Me voil\u00e0 partie pour quelques jours dans mon Maroc. Fran\u00e7aise par ma m\u00e8re, Marocaine par mon p\u00e8re, j\u2019ai le cul entre deux chaises, l\u2019une en Europe, l\u2019autre en Afrique. Et cette double culture est une b\u00e9n\u00e9diction. Je vais souvent au bled, voir ma famille. Mais cette fois-ci, je vais aussi voir du paysage\u00a0; notamment Agadir que je ne connais pas. La premi\u00e8re partie du voyage se passe entre A\u00efn Chock, El Oulfa et A\u00efn Diab. Casa quoi. Repas en famille, plein d\u2019amour, de fou rire et de tagines\u00a0; hammam, promenade le long de la c\u00f4te, ou th\u00e9 \u00e0 la menthe devant Arab Idol \u00e0 la t\u00e9l\u00e9 avec ma petite cousine Asmaa. Supers moments parce que je suis avec les miens\u00a0; mais sans eux, Casablanca n\u2019aurait aucun charme compar\u00e9 au reste du pays \u00e0 mon sens. Les seuls trucs \u00e0 faire pour les touristes sont la c\u00f4te et son centre commercial, la grande mosqu\u00e9e et le souk de l\u2019ancienne m\u00e9dina. A part \u00e7a, Casa est satur\u00e9 de tout,\u00a0et mieux vaut filer dans les villes alentours pour voir l\u2019essence du Maroc.<\/p>\n

Apr\u00e8s quelques jours dans la capitale \u00e9conomique \u00e0 s\u2019injecter du sucre dans les veines tellement on s\u2019empiffre de g\u00e2teaux au miel, aux noix, aux amandes, aux noisettes, aux dattes, et aux figues le tout arros\u00e9 de th\u00e9, sucr\u00e9 bien s\u00fbr, nous bookons un billet avec la compagnie de cars CTM, direction Agadir. Nous choisissons le car de 15h, qui ne passe pas par Marrakech, pour un trajet le plus direct possible. Six heures au lieu de huit. C\u2019est un car \u2018Premium\u2019, comprendre : plus de place, wifi et bouteille d\u2019eau. Il co\u00fbte 60 dirham de plus (soit 6 euros), mais pour le service et le temps gagn\u00e9, \u00e7a les vaut bien.<\/p>\n

Depuis que les routes ont \u00e9t\u00e9 refaites, l\u2019autoroute Casa \/ Agadir est un r\u00e9gal pour voyager, tant par ses grandes lignes droites fra\u00eechement goudronn\u00e9es que par ses paysage sublimes. D\u2019ailleurs, les r\u00e9centes pluies ont rendu le pays tout vert, tout fleuri et je d\u00e9vore des yeux les kilom\u00e8tres de route qu\u2019on fait. Le haut Atlas se dessine au loin, le soleil tape fort et les six heures passent bien vite.<\/p>\n

A Agadir nous avons r\u00e9serv\u00e9 des chambres dans un h\u00f4tel tr\u00e8s simple mais qui fait l\u2019affaire. La R\u00e9sidence Fleurie co\u00fbte 25 euros par nuit. Avec son 8,6\/10 sur Booking, et sa situation centrale, piscine et petit dej\u2019, la question ne se pose pas\u00a0! Notez qu\u2019il y a des dizaines d\u2019h\u00f4tels de luxe, le long de la mer, formule all inclusive, etc. Mais ce n\u2019\u00e9tait pas ce qu\u2019on recherchait et la R\u00e9sidence Fleurie \u00e9tait id\u00e9ale pour quelques jours \u00e0 Agadir \u00e0 moindre frais. Attention tout de m\u00eame, bien demander une chambre c\u00f4t\u00e9 piscine parce que c\u00f4t\u00e9 rue c\u2019est assez bruyant.<\/p>\n

Je ne connaissais pas du tout la ville et j\u2019ai eu un vrai coup de c\u0153ur. La corniche le long de la mer est magnifique. Elle fait au moins cinq kilom\u00e8tres et permet de faire de d\u00e9licieuses ballades, \u00e0 pieds ou en v\u00e9lo. C\u2019est un coin tr\u00e8s s\u00fbr o\u00f9 je me suis m\u00eame balad\u00e9e seule (\u00e0 Casa \u00e7a m\u2019arrive tr\u00e8s peu pour info). La plage est superbe, propre, l\u2019eau un brin fra\u00eeche mais quelques courageux s\u2019y baignaient quand m\u00eame. Possibilit\u00e9 de louer des transats \u00e0 la journ\u00e9e pour quatre euros. La plage et sa corniche sont jonch\u00e9es de caf\u00e9s et restaurants. Id\u00e9al pour un th\u00e9 \u00e0 la menthe, mais je n\u2019y ai jamais mang\u00e9 donc impossible de recommander un resto. A premi\u00e8re vue, \u00e7a m\u2019a l\u2019air trop touristique pour \u00eatre vraiment bon et j\u2019ai trouv\u00e9 les prix assez chers pour le Maroc, ou globalement, on peut tout diviser par trois par rapport \u00e0 la France. Peut-\u00eatre faut il pr\u00e9f\u00e9rer des restos plus recul\u00e9s pour manger un bon repas\u00a0traditionnel. D\u2019ailleurs, ne vous fiez pas toujours \u00e0 l\u2019apparence de l\u2019\u00e9tablissement. J\u2019ai mang\u00e9 des plats d\u00e9licieux dans des bouibouis qui ressemblaient \u00e0 rien\u2026 Et inversement.<\/p>\n

Le souk El Had, \u00e0 une vingtaine de minutes \u00e0 pied est un immense souk o\u00f9 il fait bon se perdre dans les \u00e9tales d\u2019artisanat, de produits de beaut\u00e9, de fruits et l\u00e9gumes, de v\u00eatements ou de livres. Id\u00e9al pour faire vos achats de souvenirs. Mes classiques\u00a0: huile d\u2019argan, de coco, d\u2019avocat, henn\u00e9, eau de rose, pierre ponce naturelle, ghassoul, miel, amandes, dattes, p\u00e2tisseries, panier d\u2019osier\u2026 \u00c7a rend heureuses mes tantes parisiennes \u00e0 coup s\u00fbr\u00a0! On en a profit\u00e9 pour manger un tagine dans l\u2019un des petits restos \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur du souk, face aux fruits et l\u00e9gumes. Pour trouver votre bonheur, rep\u00e9rez les minis tagines qui cuisent en devanture des \u00e9choppes et n\u2019h\u00e9sitez pas \u00e0 demander \u00e0 quoi ils sont (poulet, b\u0153uf, agneau) et combien de temps il reste pour que ce soit pr\u00eat. Ils vous le r\u00e9serveront et le laisseront mijoter pendant que vous faites vos courses. A titre de comparaison, un tagine pour deux nous a co\u00fbt\u00e9 35 dirhams, soit 3,5 euros. On est aussi all\u00e9s manger au port un midi. Les rabatteurs impressionnent un brin \u00e0 crier pour essayer de vous faire venir chez eux \u00e0 tout prix, mais ces restos de fortune font de bonnes fritures et des poissons grill\u00e9s succulents. On mange \u00e0 la bonne franquette, sur de grandes tables \u00e0 partager. Pour que vous ayez une id\u00e9e du prix, un gros poisson grill\u00e9 avec salade vous reviendra \u00e0 50 dirhams, soit 5 euros. Les fritures sont un peu moins ch\u00e8res. Et puisqu\u2019on parle bouffe, on a aussi bien mang\u00e9, un peu plus au nord de la ville, \u00e0 la r\u00f4tisserie Ennahda. Agneau au poids, poulet grill\u00e9, frites, salade, simple et efficace. Le resto est tr\u00e8s connu des taxis donc n\u2019h\u00e9sitez pas \u00e0 demander, et tr\u00e8s pris\u00e9 des locaux. Mon poulet grill\u00e9, frite, salade m\u2019a cout\u00e9 environ 2,5 euros. What else.<\/p>\n

Promenade dans la ville et sur la corniche, farniente \u00e0 la plage, spa, massage et hammam, apr\u00e8m\u2019 au souk, d\u00e9jeuner au port, th\u00e9 \u00e0 la menthe et p\u00e2tisserie chez Tafarnout, le s\u00e9jour \u00e0 Agadir a \u00e9t\u00e9 un d\u00e9lice. La ville est paisible, belle, moderne, sportive, les touristes n\u2019y sont pas harcel\u00e9s comme \u00e0 Marrakech, pas besoin de couvrir bras et jambes pour les femmes, beaucoup de touristes s\u2019y prom\u00e8nent en short sans que cela semble choquer, et de nombreux retrait\u00e9s fran\u00e7ais y vivent pour des raisons \u00e9videntes : prix, climat, calme. Avec une petite retraite, la vie y est bien plus douce que dans l\u2019hexagone. Ville id\u00e9ale pour d\u00e9couvrir le Maroc en famille, m\u00eame donc, avec un petit budget\u00a0!<\/p>\n

Apr\u00e8s Agadir, direction Ouarzazate. Seule la CTM fait ce trajet en car. Il y en a deux par jour. Malheureusement pour nous, on s\u2019y est pris trop tard, \u00e0 la veille des vacances scolaires. Cons\u00e9quence\u00a0: Tous les cars sur trois jours \u00e9taient full. Du coup, changement de plan, on est pass\u00e9s par Marrakech pour rejoindre mon oncle et descendre en famille au village. La compagnie concurrente \u00e0 la CTM est Supratour. Je vous la recommande aussi car elle est s\u00fbre et confortable. En dehors de ces deux compagnies, c\u2019est \u00e0 vos risques et p\u00e9rils\u00a0! Je me souviens encore d\u2019un trajet Casa \/ Marrakech dans un car \u00e0 l\u2019arrache. Il \u00e9tait plein, on n\u2019\u00e9tait que deux femmes, il n\u2019y avait pas de lumi\u00e8re (on roulait le soir) et un mec voyageait sa poule \u00e0 la main (une vraie poule, pas une m\u00e9taphore pour parler de sa copine). Voil\u00e0. Pour Supratour, l\u00e0 encore, l\u2019option Premium existe et un Agadir \/ Marrakech co\u00fbte trois euros de plus (130 dirhams en tout, soit 13 euros) D\u00e9part \u00e0 9h d\u2019Agadir dans un car ultra confortable, avec des si\u00e8ges solo, fa\u00e7on 1^{\u00e8re<\/sup> classe de TGV. M\u00eame rengaine\u00a0: bouteille d\u2019eau et wifi, id\u00e9al pour instagrammer les paysages de fou qui d\u00e9filent par la fen\u00eatre.<\/p>\n}

Apr\u00e8s trois heures de car, nous voil\u00e0 en voiture avec mon tonton. Enfin \u20183ami\u2019. C\u2019est comme \u00e7a qu\u2019on appelle son oncle paternel. Le 3 avant le A veut dire que c\u2019est un A qui vient de la gorge. Bref. Je parle pas arabe donc mes le\u00e7ons, je me les garde\u00a0! La route de Marrakech \u00e0 Ouarzazate dure cinq heures et slalome comme un skieur acrobatique. Faut s\u2019accrocher. Litt\u00e9ralement. Mais l\u00e0 encore les paysages sont \u00e0 couper le souffle. On arrive dans les montagnes et on y d\u00e9couvre au loin des sommets enneig\u00e9s, des vall\u00e9es de tous les tons de vert possibles et imaginables, des paysannes en train de r\u00e9colter fruits et l\u00e9gumes, des \u00e2nes transportant d\u2019\u00e9normes sacs conduits par des enfants, des vieillards assis \u00e0 regarder la route, des mobylettes qui p\u00e9taradent \u00e0 toute vitesse, des chiens errants, des vendeurs de min\u00e9raux, des groupes de cigognes volant vers le soleil, dans un ciel qui joue de ses nuages, rendant ce que vous verrez par la fen\u00eatre absolument unique. Sur la route on s\u2019est arr\u00eat\u00e9s pour d\u00e9jeuner. Au menu\u00a0: kefta, et tagine de l\u00e9gumes, salade marocaine, Fanta citron et pains ronds encore tout chauds. Un r\u00e9gal. Moi qui mange tr\u00e8s peu de viande en France, au Maroc je prends ma dose de prot\u00e9ine annuelle tellement c\u2019est frais, sain, et pas produit en batterie.<\/p>\n

Une fois arriv\u00e9s \u00e0 Ouarzazate, on est all\u00e9s se poser en ville boire un th\u00e9. Surement le dixi\u00e8me de la journ\u00e9e. Les caf\u00e9s s\u2019alignent autour d\u2019une place et sont tr\u00e8s anim\u00e9s. La ville est vraiment chouette. Plus petite qu\u2019Agadir ou Marrakech\u00a0; \u00e0 taille humaine. La vielle ville est charg\u00e9e d\u2019histoire, une cigogne avait alors fait son nid au sommet de la mosqu\u00e9e. A voir aussi, les ruines de la casbah Taourirt. Seule la partie r\u00e9nov\u00e9e est visitable, mais on apprend beaucoup sur la vie locale, quelques dizaines d\u2019ann\u00e9es plus t\u00f4t. La ville brasse beaucoup de passage puisque qu\u2019elle se situe aux portes du d\u00e9sert. Du coup de nombreux voyageurs s\u2019y arr\u00eatent et embarquent dans des 4×4 ou sur des motos pour voir le Sahara et faire de la rando, des treks, du camping, avec leur guide Amine et leurs chaussures Quechua.<\/p>\n

On s\u2019est ensuite dirig\u00e9s vers Amridil, sur la route des 1000 casbahs. Arriv\u00e9s \u00e0 un croisement, on tourne \u00e0 gauche et on slalome quelques instants. Et la voil\u00e0, face \u00e0 nous se dresse la casbah, imposante et toujours si belle malgr\u00e9 les ann\u00e9es. La voiture poursuit son chemin, en premi\u00e8re, et \u00e9vite les trous tant bien que mal. On traverse ensuite l\u2019oued ass\u00e9ch\u00e9 (le fleuve, qui sort souvent de son lit lors de la saison des pluies) et on prend \u00e0 droite de la casbah, direction, chez mon oncle (ou 3ami, si vous suivez) pour poser nos valises. On s\u2019y retrouve en famille une fois par an pour une semaine de bonheur absolu. Il n\u2019y a pas des tonnes de choses \u00e0 faire, mais le coin apaise l\u2019\u00e2me, repose l\u2019esprit et challenge le corps. Quant aux yeux, ils se r\u00e9galent de toutes les beaut\u00e9s de cette r\u00e9gion du Maroc. Une des choses que je pr\u00e9f\u00e8re contempler le soir, ce sont les \u00e9toiles, qui \u00e9clairent comme jamais. Elles confirment l\u2019immensit\u00e9 du monde et sont bien plus nombreuses qu\u2019on l\u2019imaginerait. Depuis nos villes, on ne les voit plus. A Skoura, j\u2019ai d\u00e9couvert ce qu\u2019\u00e9tait un ciel \u00e9toil\u00e9, et ce spectacle me transporte \u00e0 chaque fois.<\/p>\n

Passer du temps au village permet aussi de relativiser. On y croise des enfants qui vont \u00e0 l\u2019\u00e9cole \u00e0 v\u00e9lo ou \u00e0 pied. Ils parcourent plusieurs kilom\u00e8tres, sous une chaleur harassante pour apprendre. On rencontre aussi des femmes travaillant dans les champs. Certaines nous invitent m\u00eame \u00e0 manger (moi et ma cousine, pas d\u2019homme of course) chez elle, m\u00eame si on ne les conna\u00eet pas, tout simplement parce que c\u2019est l\u2019heure de d\u00e9jeuner. Hospitalit\u00e9 marocaine oblige. D\u2019autres femmes surveillent des petits qui jouent sur le porche de leur humble maison. Elles sont belles. Elles ont nou\u00e9 les coins de leur foulard sur le sommet de leur t\u00eate, en vitesse. Sans le savoir, \u00e7a leur donne un style raffin\u00e9, que tous les tutos des blogueuses mode n\u2019arriveraient pas \u00e0 reproduire. Belles, les yeux soulign\u00e9s de kh\u00f4l comme seul ornement, elles sourient et nous saluent. En fait tout les gens qu\u2019on croise nous saluent. Et nous leur rendons. Salam Aleikoum. Aleikoum salam. En chemin, des ruines de petites casbahs, nous rappellent que le temps efface tout, m\u00eame le grandiose. R\u00e9guli\u00e8rement des 4×4 de voyageurs explorant la r\u00e9gion passent en souriant. On marche et tout est couleur ocre. L\u2019eau de nos bouteilles, fra\u00eeche il y a quelques minutes, est devenue chaude. L\u2019horizon se dessine partout, rien ne l\u2019obstrue. Et les montagnes de l\u2019Atlas se dressent fi\u00e8rement au dernier plan, sur toutes mes photos. Les palmiers envahissent aussi le paysage, quelques chiens cherchent du r\u00e9pit \u00e0 l\u2019ombre, et l\u2019oued irrigue les jardins de ceux qui cultivent fruits et l\u00e9gumes. La simplicit\u00e9 des vies ici tranche tellement avec notre quotidien hexagonal d\u2019urgence urgente, toujours plus connect\u00e9, mais toujours plus loin. On relativise. On prend conscience de chaque petit bonheur que la vie nous offre, et des privil\u00e8ges qui nous accompagnent tous les jours quand on vit dans un pays d\u00e9velopp\u00e9\u00a0: l\u2019acc\u00e8s \u00e0 l\u2019eau, \u00e0 l\u2019\u00e9lectricit\u00e9, \u00e0 l\u2019\u00e9ducation, et aux soins n\u2019a rien d\u2019\u00e9vident dans ce village et ses alentours.<\/p>\n

Et chaque fois que je retourne \u00e0 la casbah, je monte au sommet de cette maison de terre qui renferme tant de souvenirs pour ma famille. Mon p\u00e8re se rappelle de la pi\u00e8ce dans laquelle il dormait, l\u00e0 o\u00f9 son loup \u00e9tait attach\u00e9, l\u00e0 o\u00f9 les poules et les agneaux \u00e9taient gard\u00e9s, les oranges, les dattes et les noix \u00e9taient stock\u00e9es, l\u00e0 o\u00f9 son p\u00e8re passait des heures \u00e0 lire, l\u00e0 o\u00f9 sa m\u00e8re lui a donn\u00e9 naissance, l\u00e0 o\u00f9 les petits berlingots \u00e9taient cach\u00e9s, l\u00e0 o\u00f9 le scorpion l\u2019a piqu\u00e9, l\u00e0 o\u00f9 il faisait ses devoirs. Il a des souvenirs dans chaque recoin de cette casbah de plusieurs centaines de m\u00e8tres carr\u00e9s. Et l\u00e0, tout de suite, maintenant, assise face \u00e0 l\u2019horizon, je suis si reconnaissante de pouvoir vivre un tel moment.<\/p>\n

Beaucoup de touristes passent \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de nous en souriant. La casbah est ouverte \u00e0 la visite et fait partie des attractions les plus populaires de la r\u00e9gion de Ouarzazate. Il y a deux entr\u00e9es, l\u2019une c\u00f4t\u00e9 casbah, l\u2019autre c\u00f4t\u00e9 riad. Si vous passez par l\u00e0-bas, je vous conseille vivement de faire les deux. Vous pouvez aussi manger ou m\u00eame dormir au riad, \u00e7a vaut le d\u00e9tour\u00a0! Si vous \u00eates en caravane ou que vous pr\u00e9f\u00e9rez une ambiance camping, il y en a un \u00e0 quelques dizaines de m\u00e8tres. La r\u00e9gion est d\u00e9licieuse, chaleureuse, et partage ses bonheurs avec les voyageurs qui veulent les d\u00e9couvrir. Et je ne suis vraiment pas la seule \u00e0 aimer le coin. Ils sont des milliers sur tripadvisor.<\/p>\n

Toutes les bonnes choses ont une fin. Vol direct Ouarzazate \/ Paris avec la Royal Air Maroc, (uniquement le dimanche) et me voil\u00e0 de retour dans l\u2019hexagone. L\u2019avion nous ram\u00e8ne dans la capitale en trois heures, et le petit a\u00e9roport de Ouarzazate est bien plus agr\u00e9able que le tr\u00e8s dense a\u00e9roport de Casa pour rentrer \u00e0 la maison la t\u00eate pleine de souvenirs.<\/p>\n

Si vous avez des questions sur le Maroc, j\u2019essaierai d\u2019y r\u00e9pondre et de vous transmettre le peu que j\u2019en sais. Ce voyage, comme tous ceux que je fais dans ce<\/span> mon pays \u00e9tait formidable. Ils m\u2019apprennent tant sur le monde. J\u2019esp\u00e8re qu\u2019il en sera de m\u00eame pour vous\u2026<\/p>\n

\u00a0Update : Le site Hustl<\/a> a fait une superbe vid\u00e9o du sud marocain et on y voit quelques beaux plans de Ouarzazate, Skoura et Marrakech… Enjoy !<\/p>\n

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